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Moins d’un psychiatre pour 100.000 habitants au Maroc

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Le ministre prépare un nouveau plan stratégique pour la santé mentale

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Pénurie : Le nombre de médecins spécialisés en psychiatrie ne dépasse pas 121 et le Maroc fait face à un manque important d’infrastructures psychiatriques. Le ministre de la santé a annoncé l’élaboration d’un plan national stratégique multisectoriel.

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La santé mentale continue d’être le parent pauvre du système de santé au Maroc. Le pays fait face depuis plusieurs années à une pénurie grave et sérieuse de ressources humaines et un manque d’infrastructures, ce qui pénalise les malades et leurs familles. Selon les chiffres dévoilés par le ministre de la santé et de la protection sociale, Khalid Ait Taleb, lundi au Parlement, le Maroc compte actuellement moins d’un psychiatre pour 100.000 habitants alors que la moyenne mondiale est de 1,7 pour 100.000 habitants et la moyenne européenne est de 9,4 / 100.000 habitants. Le ministre, qui répondait à une question orale sur la «psychiatrie», a fait savoir que le nombre de médecins spécialisés en psychiatrie ne dépasse pas 121, dont 11 médecins ont pris leurs services en 2021 et 15 en 2022. Il faut aussi relever que le secteur public ne compte que 14 assistantes sociales.

Pour ce qui est des infrastructures, le ministre a précisé que le Maroc compte 25 cliniques psychiatriques intégrées dans les hôpitaux publics, avec un total de 825 lits, 11 hôpitaux spécialisés, universitaires et publics, avec 1.341 lits, et 3 services sanitaires universitaires chargés du traitement des troubles de l’addiction et comptant seulement 46 lits. Le ministre a aussi annoncé la poursuite de la mise en place des services psychiatriques intégrés dans les hôpitaux publics, la construction et l’équipement de 3 hôpitaux de santé mentale à Agadir, Kénitra et Beni Mellal, avec 120 lits chacun, ainsi que la reconstruction de l’hôpital psychiatrique de Berrechid.

Un plan national stratégique multisectoriel en cours d’élaboration
Le ministre de la santé a indiqué que son département est sur la voie d’élaboration d’un plan national stratégique multisectoriel pour la santé mentale. Ce projet verra le jour en 2023 et portera sur la période 2023-2030. Le ministère travaille actuellement à l’élaboration d’un projet d’évaluation du système de santé mentale avec le soutien de l’Organisation mondiale de la santé ( OMS). S’agissant du cadre juridique, Ait Taleb a fait remarquer qu’il « n’est plus adapté aux évolutions de la santé mentale et aux orientations du Programme national de la santé mentale et de l’Organisation mondiale de la santé » notant que les programmes en cours ne font que combler le fossé enregistré dans ce domaine, assurer l’approvisionnement adéquat et continu en médicaments des établissements d’urgence, d’augmenter le nombre de psychiatres formés annuellement, d’avancer vers l’adéquation du cadre légal de la profession de psychologue et de réaffecter les ressources humaines spécialisées en psychiatrie employées dans les établissements de santé.

Près d’un Marocain sur deux souffre de troubles mentaux
Au Maroc, la santé mentale est un véritable problème de santé publique. Selon les résultats de l’enquête nationale relative aux troubles mentaux, 48,9% de la population marocaine enquêtée, âgée de 15 ans et plus, présente ou a déjà présenté des signes de troubles mentaux. 26 ,5% ont souffert de troubles dépressifs, 9% d’anxiété généralisée, 5,6% de troubles psychotiques et 1% de schizophrénie. Les habitants de zones urbaines, les personnes divorcées et les personnes sans-emploi sont de loin les plus touchés. Il faut toutefois noter que ces chiffres ne reflètent pas la réalité actuelle étant donné qu’ils remontent à la dernière enquête du ministère de la santé en 2006. Plusieurs associations actives dans le domaine de la santé mentale estiment qu’une nouvelle étude épidémiologique s’impose pour mieux cerner l’ampleur des troubles mentaux.

Les recommandations du CESE
Pour remédier aux multiples dysfonctionnements en matière de politique de santé mentale, de prise en charge des troubles mentaux et de prévention du suicide, le CESE avait émis plusieurs recommandations importantes. Le Conseil suggère de réviser le projet de loi 71-13 relatif à la lutte contre les troubles mentaux, en concertation avec les acteurs concernés (associations professionnelles, syndicats, psychologues, infirmiers en psychiatrie…). Le CESE avait également recommandé de renforcer les garanties juridiques et judiciaires des personnes atteintes de troubles mentaux en vue de prendre en considération leur état de santé et de leur assurer une meilleure protection. Pour cela, il est impératif de faire évoluer le Code pénal et le Code de procédure pénale en tenant mieux compte des spécificités de la maladie mentale et des besoins des patients concernés. Le Conseil avait aussi appelé à intégrer les troubles psychiques et mentaux liés aux conditions de travail dans la liste des maladies professionnelles. Parmi les autres recommandations figurent la révision et la mise à jour de la Nomenclature générale des actes professionnels (NGAP) concernant la prise en charge des troubles mentaux et la tarification nationale de référence qui y est associée, en tenant compte des évolutions médicales de la prise en charge des troubles mentaux et en veillant à une tarification raisonnable .

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Alerte de l’OMS sur l’ampleur des troubles psychiques
Investissements Dans son dernier rapport mondial sur la santé mentale qui, rappelons-le, avait été publié en juin dernier, l’OMS avait tiré la sonnette d’alarme sur l’ampleur des troubles psychiques dans la population mondiale en appelant à davantage d’investissements en matière de santé mentale. En 2019, 970 millions de personnes souffraient d’un trouble psychique. Cela représente 13% de la population mondiale, soit près une personne sur huit. Les troubles anxieux et dépressifs sont les plus répandus, affectant, respectivement, 31et 28,9% du total des personnes touchées par des problèmes de santé mentale. La bipolarité (4,1% du total) et la schizophrénie (2,5%) sont plus rares.

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