Cour d’appel d’El Jadida. Mohamed se présente devant les trois magistrats de la chambre criminelle. La salle d’audience est archicomble au point que l’assistance n’a pas trouvé de sièges pour s’asseoir. Plusieurs personnes sont restées debout durant l’audience.
« Tu es accusé d’homicide volontaire avec préméditation et guet-apens ainsi que trafic de drogue. Qu’en dis-tu ? », lui demande le président de la Cour. À son trente-septième printemps, Mohamed est encore célibataire. Depuis des années, il se livre au trafic de drogue.
Il a quitté très tôt les bancs de l’école. Il passait ses longues journées à sillonner les rues. Journalier de son état, son père subvenait aux besoins essentiels de sa famille, en l’occurrence la nourriture et les vêtements. Quant à sa mère, elle est une femme de foyer.
Des garçons de mauvaise fréquentation l’ont encouragé à consommer de la drogue. Au fil des jours, il est devenu un accro à tout ce qui fait tourner la tête. Outre les cigarettes, il s’adonne également aux comprimés psychotropes et au haschich. A son vingtième printemps, Mohamed est un esclave de la drogue. Par quel moyen arrivait-il à gagner de l’argent pour en acheter ? Le trafic de drogue. Cette activité l’a conduit à maintes reprises en prison. Il devient un habitué du monde carcéral. Il a été condamné plusieurs fois pour consommation et trafic de drogue, violence ainsi que pour coups et blessures. En outre, il a purgé d’autres peines d’emprisonnement pour trafic de boissons alcoolisées sans autorisation. Cependant, les accusations retenues contre lui sont lourdes et le mis en cause risque gros. «Monsieur le président, il m’a provoqué….», répond-il à une question de la Cour. Cette réponse ne justifie pas l’acte criminel perpétré par Mohamed contre Abdelfettah. Qui est cet homme et quelle est sa relation avec son assassin ? Abdelfettah est un jeune homme qui travaille comme aide boucher. Fidèl au haschich, il ne peut pas se passer de sa dose quotidienne. Il a commencé à consommer de la drogue depuis son adolescence. Aujourd’hui, il est devenu son esclave. Il s’est habitué à consommer chaque jour trois bons joints. Le premier au réveil, le deuxième le soir et le troisième avant de se plonger dans un profond sommeil.
«Est-ce que tu vends du haschich?», demande le président au prévenu. Ce dernier n’a pas nié les faits. Il a reconnu être un dealer depuis belle lurette et qu’il a purgé en conséquence plusieurs peines d’emprisonnement. «Et pourquoi tu portais un couteau ?», lui demande une fois encore le président de la Cour.
Le mis en cause a affirmé que l’arme blanche n’était pas la sienne. «C’est lui qui portait le couteau dans sa main», précise Mohamed. Ce dernier a expliqué que la victime est venue pour acheter un morceau du haschich. Une dispute éclate entre les deux hommes. Abdelfettah a reproché à Mohamed de lui avoir donné un petit joint.
La conversation dérape. Le ton monte. Vociférations. Injures. Puis les coups de poing. Une bagarre violente. En un laps de temps, les passants sont arrivés à les séparer.
Après quelques minutes, Abdelfettah est retourné chez Mohamed, armé d’un couteau. Tentant de le poignarder, Mohamed a reculé très vite de quelques pas. Ensuite, il s’est avancé rapidement vers la victime et il lui a arraché le couteau avant de l’enfoncer au niveau de son cœur.
Évacuée vers les Urgences de l’hôpital de la ville, la victime a rendu l’âme et Mohamed est arrêté. Cet acte criminel lui a coûté 20 ans de réclusion criminelle.