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Mostafa Bahlioui : «La durée de la pratique sportive durant le Ramadan doit être réduite»

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ALM : Est-il préférable de pratiquer le sport durant le Ramadan?
El Mostafa Bahlioui: Le sport peut être pratiqué pendant le mois de Ramadan, mais il impose une certaine vigilance de la part de l’encadreur ou l’entraîneur et les pratiquants. Réduire ou supprimer une partie de la ration alimentaire dans la journée a des conséquences sur l’activité physique qu’il faut adapter. Donc il faut être prudent lors de la pratique du sport durant le Ramadan que ce soit un sport de compétition ou de loisir.

Le sport peut-il représenter un risque pour le jeûneur ?
Effectivement, la pratique du sport pendant ce mois sacré doit être bien programmée en temps et en durée sinon le sportif peut courir des risques de diverses gravités allant de l’asthénie, palpitations, crampes musculaires jusqu’à l’hypoglycémie, la déshydratation voire un état de choc si on n’arrive pas à intervenir à temps.
Faut-il réduire les heures de sport durant le Ramadan? Qu’en est-il des personnes qui le pratiquent exclusivement durant ce mois ?
Effectivement, la durée de la pratique sportive durant le Ramadan doit être réduite car le respect du Ramadan impose une diète totale du lever au coucher du soleil, ce qui limite les métabolites et les réserves énergétiques nécessaires à l’effort physique. En conséquence, l’entraînement doit être un entretien physique dosé en fonction du niveau athlétique du pratiquant (grands sportifs ou un sportif amateur) et en fonction de la durée de la charge de l’effort sans oublier la récupération. Pratiquer le sport exclusivement durant ce mois n’est pas conseillé car l’organisme humain s’adapte à l’effort donc il est préférable que le sportif s’entraîne régulièrement avant le mois de Ramadan après avoir passé un examen clinique d’aptitude physique à l’effort et continuer à s’entraîner normalement.

Quelles sont les règles à respecter dans ce sens ?
L’entraînement pendant le mois de Ramadan est un entretien physique faiblement calorique qui doit tenir compte du niveau du sportif, de la fréquence des séances d’entraînement, l’intensité et la durée de l’effort, et du climat ambiant. Il faut insister sur l’échauffement au début de la séance pour préparer l’organisme surtout le système cardio-vasculaire, respiratoire et musculaire, et ceci pour éviter tout état de choc ou lésion musculo-tendineuse pendant l’entraînement.

A quel moment de la journée peut-on pratiquer le sport?
Pendant le mois de Ramadan, il est préférable de s’entraîner en fin d’après-midi, de telle sorte à ce que la durée entre la fin de la séance et la rupture du jeûne soit courte, ce qui permettra au sportif de se réhydrater puis se nourrir peu de temps après.

Quels sont les exercices recommandés et ceux à éviter ?
De préférence, il est conseillé de pratiquer des sports sans violence. Ce qui est recommandé c’est faire du footing avec étirements et stretching seul ou en groupe ou pratiquer du foot en salle ou dans la plage, et tout sport qui n’engage pas un effort physique intense.

Que recommandez-vous aux sportifs pour passer le Ramadan en de bonnes conditions ?
Comme je l’avais mentionné, les séances d’entraînement doivent être réduites en quantité et qualité. Il est par ailleurs recommandé de limiter la charge et  l’intensité de l’effort physique. Il faut éviter de trop manger en une seule fois. La bonne hydratation est primordiale. Il faut boire, dans ce sens, entre 2 et 3 litres d’eau. Le sportif est obligé de prendre des repas riches en sucre lent surtout lors du dernier repas. Les diabétiques et les hypertendus doivent consulter leurs médecins traitants pour avoir leurs avis et conseils sur leurs sports.
Pour éviter une hypoglycémie pendant l’effort, il faut prendre avec soi du sucre rapide surtout en cas de malaise. Il est préférable de déplacer les compétitions en soirée. De même pour assurer une bonne récupération, il faut privilégier les heures du sommeil.


Les dangers du sport durant le mois de Ramadan

• Hypoglycémie : Pratiquer un sport sans s’alimenter, sans boire, et surtout en période de chaleur peut apporter au minimum une diminution de la force musculaire, voire une hypoglycémie. Il s’agit alors de tremblements, vertiges, troubles de l’équilibre, nausées, vomissements, maux de tête et troubles de la vigilance.
Prévenir l’hypoglycémie ne peut se faire qu’en consommant des sucres lents. L’alimentation du sportif conseille d’ailleurs une période de 3 heures avant la pratique d’une activité physique et sportive. Ceci est contraire au Ramadan.
• Accident tendino-musculaire : Une mauvaise alimentation associée à un apport hydrique insuffisant peut provoquer des accidents traumatiques type tendinite, déchirure, claquage, par faiblesse musculaire.
• Perturbation biologique : L’association d’une activité physique et d’une alimentation défaillante provoque un trouble métabolique qui peut avoir comme répercussion une accentuation des déchets sanguins, une modification de la glycémie (hypoglycémie), une modification du fonctionnement hépato-rénal.
• Diminution de la condition physique : Il s’agit au minimum de l’effet le plus visible chez un sportif qui en manque d’alimentation verra sa condition physique diminuer. Ceci semble surtout être vrai lors des deux premières semaines du mois de Ramadan.
• Hyperthermie maligne d’effort : Il s’agit du coup de chaleur à l’effort, qui peut éventuellement engendrer un accident vasculaire cérébral, un accident cardiaque et la mort subite. Ceci est dû au manque d’alimentation, le manque d’apport de boisson et une température excessive de l’environnement du sportif.

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