ALM : En quoi consiste ce rassemblement ?
Mustapha Daouf : Il s’agit d’un rassemblement de 13 associations qui œuvrent afin de lutter contre la consommation des psychotropes. Cette manifestation est organisée par 3 associations à savoir «Addel al waref», «L’heure joyeuse» et «Al Azhar». Nous avons démarré notre lutte depuis 2003. Nous étions présents dans plusieurs festivités comme le «Boulevard», «Festival des Gnaoua» et les plages marocaines. Notre objectif est de sensibiliser les jeunes sur les dangers des drogues, et ce, à travers des activités culturelles, sportives et sociales. Notre initiative, aujourd’hui, s’inscrit dans le cadre de la mise en œuvre d’une nouvelle stratégie comprenant également la construction d’un nouveau centre d’hébergement de toxicomanes.
Que pouvez-vous dire sur l’usage des psychotropes au Maroc ?
Ce phénomène s’est propagé d’une manière alarmante dans les milieux populaires. On peut dire que 75 % des crimes au Maroc sont dus à l’usage des drogues. Ces substances sont consommées par les prostituées et les mendiants, car ils les aident à dépasser leur timidité. Quant à la population estudiantine, elle représente environ 20% dont la majorité des consommateurs sont des filles.
Quel genre de psychotrope est le plus consommé au Maroc ?
Au Maroc, on distingue deux types de psychotropes. L’extasy qui est destiné aux gens aisés vient d’Espagne. Actuellement, il est préparé et commercialisé par la mafia italienne. Il comprend cinq marques: «le requin bleu», «Mitsubishi», «Benladen», «moulin rouge» et «moulin viagra». Sa distribution au Maroc passe par les villes de Fès et Casablanca vers Marakech, Agadir et Essaouira. L’autre catégorie de psychotropes est destinée aux pauvres. Ils arrivent d’Algérie. Leur introduction date de 1970. Ils rentrent en contrebande au Maroc par le biais de femmes qui les distribuent à Khemisset et Casablanca. Il y a un autre genre de psychotrope qui se commercialise entre les jeunes. En dehors de ces médicaments, on distingue «el majoun» qui comporte trois types «chkilita», «katila» et « scood». Son prix varie entre 3 et 15 DH. À Casablanca ces drogues sont commercialisées à l’ancienne Médina, Derb Sultan, Hay Mohammadi, Bernoussi, Moulay Rachid, Tacharouk.
Comment peut-on lutter contre ce fléau ?
Il faut établir une coordination entre les ministères de la Justice, de la santé, de l’Education nationale et l’office de la formation professionnelle pour l’insertion de cellules spécialisées dans le soutien psychologique au profit des prisonniers toxicomanes. Parallèlement, les dispensaires doivent être dotés de service de psychiatrie et les institutions scolaires doivent mettre en place des centres d’écoute au sein des établissements pour assurer un suivi aux élèves accros à la drogue. Je lance un appel aux pays du voisinage à savoir l’Espagne et l’Algérie pour arrêter de nous commercialiser ces poisons qui nuisent à la vie de nos enfants.