ALM : L’OMDH a appelé à l’abolition de la peine de mort. Qu’en pensez-vous ?
Mustapha Znaidi : L’appel d’aujourd’hui n’est pas nouveau. L’OMDH a toujours appelé à la suppression de cette peine. Elle a été l’initiatrice d’une coalition marocaine de quatre ONG créée en 2003 et qui a appelé à l’abolition de cette peine. La peine capitale est contraire aux droits de l’Homme.
Vous appelez à une réforme du système pénal. Qu’est-ce qu’il faut changer ?
Le système pénal marocain doit être révisé. Le concept même de la punition doit être revu. Les systèmes pénaux modernes prévoient que la punition doit être proportionnelle au crime commis et au préjudice subi. La punition doit permettre au criminel de se resocialiser et de réintégrer la société. Elle doit en outre permettre l’amélioration de sa condition sociale. La peine de mort ne doit pas avoir lieu, même à l’encontre des criminels les plus farouches du monde. Chacun sait que le crime est un produit de la société, pourquoi donc priver une personne coupable d’un crime de pouvoir réintégrer la société. Un autre élément très important est celui de l’erreur judiciaire.
Pensez-vous que le Maroc est sur la bonne voie pour l’abolition de cette peine ?
Le Maroc adopte une attitude ambivalente à propos de cette question. Aucune exécution n’est intervenue dans le pays depuis 1993. Cela dit, les tribunaux continuent de prononcer la peine capitale. Les responsables marocains ont promis à maintes reprises d’exclure la peine de mort de la législation mais rien n’a été réalisé dans ce sens. En l’espace d’une semaine, nous avons constaté que les tribunaux ont prononcé quatre verdicts de peine de mort.
Quels sont les obstacles qui empêchent de parvenir à l’abolition de cette peine ?
L’attitude du Maroc reste incomprise. Le Royaume a réalisé des avancées considérables en démocratie et en matière de respect des droits de l’Homme. Il doit à présent s’inscrire dans la dynamique internationale actuelle qui est en faveur de l’abolition de la peine capitale.