ALM : Comment jugez-vous le niveau des élèves en langue française dans la région de Laâyoune-Boujdour-Sakia El Hamra ?
Nabil Chtaoua : D’après mon expérience dans cette région, le niveau du français est très bas, les élèves ne consacrent aucun effort pour apprendre cette langue. Cela est dû à l’influence de la langue espagnole héritée de la période d’occupation. Les élèves voient dans cette langue un bourreau dès leur jeune âge. Certains disent, avant d’étudier cette langue, qu’ils ne s’y intéressent pas. Mais il y a des exceptions, certains ont un bon niveau de français mais c’est très rare, et cela revient au suivi parental. D’une manière générale, les élèves qui maîtrisent cette langue auront un cursus scolaire réussi.
En tant qu’enseignant, comment gérez-vous cette situation délicate ?
La langue française a connu un grand recul depuis la fin des années 80 à cause de l’arabisation de l’enseignement national. Et suite à cela, l’éducation en langue française dégringole. Pour moi, en tant qu’enseignant et pédagogue, j’appelle à une pédagogie qui motive les élèves et j’essaie d’adapter le programme dont je dispose au niveau de mes élèves. Je tente, en plus, de les sensibiliser et persuader que le français est une langue facile à apprendre et qu’il n’y a pas de craintes à la maîtriser. A son tour, le plan d’urgence a, d’ailleurs, accordé une grande importance à l’apprentissage des langues étrangères en l’occurrence le français. Et comme on le constate, les professeurs assurent des heures supplémentaires au profit des élèves pour combler ce déficit.
Comment changer l’attitude des élèves envers cette langue ?
La première chose qu’on doit véhiculer à l’élève c’est d’apprendre à avoir confiance en soi et par conséquent en ses propres capacités et en premier lieu la communication en langue française pour qu’elle leur devienne intime. Pour atteindre cet objectif, on doit tous, enseignants, élèves et société civile, doubler les efforts pour faire face à ce problème. Aussi doit-on réfléchir, autant que possible, aux manières propices pour que nos élèves sympathisent avec cette langue devenue indispensable pour un parcours scolaire brillant. Pour donner une illumination à cette langue, je sollicite les responsables de mettre à la disposition des élèves plus de centres culturels et de bibliothèques qui favorisent l’apprentissage de cette langue.