ALM : Les militants USFP résidant en Europe viennent de signer une pétition contre la direction actuelle de l’USFP. Que reprochez-vous concrètement à cette direction ?
Omar Benjelloun : Le parti de l’USFP s’est lancé dans une expérience gouvernementale sans avoir évalué son apport au développement politique du pays. Il n’a fait que s’éloigner de la demande populaire globale. C’est ce qui a créé des tensions entre les forces vives encore existantes au sein du parti et sa direction actuelle. Les résultats du scrutin du 7 septembre ont confirmé cette réalité. Le peuple marocain a signé l’échec de l’USFP par le boycott des institutions. Le message est on ne peut plus clair : en s’éloignant de sa stratégie de lutte démocratique, telle que proposée par le congrès extraordinaire de 1975, l’USFP s’est éloigné de ses valeurs, et à plus forte raison du peuple.
Dans votre pétition, vous évoquez l’absence de démocratie au sein de l’USFP. Quels arguments pourriez-vous présenter pour étayer cette accusation ?
Il y a une orientation des militants qui n’est pas saine, par l’instrumentalisation de la situation socio-économique de ces militants pour les réduire, au mieux, à des simples supporteurs, et au pire, à des «miliciens» pour des intérêts particuliers.
En clair, nous avons un problème de leadership qui, par un souci de prudence exagéré, n’adopte plus la moindre position politique. Il n’y a plus une position tranchée par rapport à une actualité qui engage l’avenir politique, voire la sécurité du pays.
S’agissant de cohérence idéologique, que pensez-vous de l’alliance de l’USFP avec l’Istiqlal ?
Au lieu que l’USFP s’allie avec les partis de gauche, il a prouvé son manque de volonté de s’allier à ces partis qui sont, rappelons-le, issus de l’USFP, en allant s’allier, en position de faiblesse, aux pires partis conservateurs, ou administratifs, lesquels ont bloqué le développement du pays. Car, puisque on en est à l’évaluation de l’action politique de l’USFP, nous ne pouvons malheureusement que conclure que la direction actuelle a réduit le parti à une agence de carrière administrative. C’est une atteinte à la mémoire de l’USFP que de dire que la direction actuelle est prisonnière de l’histoire, car cette direction n’a rien à voir avec cette histoire. C’est une déviation de cette histoire.
Que faut-il faire, à votre avis, pour que l’USFP retrouve sa force et son éclat d’antan ?
Les consciences qui sont encore à l’USFP doivent recentrer la ligne politique et idéologique pour sortir de cette stagnation qui n’a que trop duré, depuis que la direction a décidé de cesser de lutter pour réduire les institutions à des scores numériques.
Il y a actuellement différentes poches de résistance au sein de l’USFP qui ne sont pas coordonnées.
Ce manque de coordination fait gagner du temps à la direction actuelle pour fuir les vrais problèmes et ne pas assumer sa responsabilité vis-à-vis des bases.
La section Europe de l’USFP monte au créneau
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