L’OMDH (Organisation marocaine des droits de l’Homme) tient, à partir de vendredi 31 mars 2006 à Rabat, son sixième congrès national dans un nouveau contexte marqué par les derniers développements en matière des droits de l’Homme au Maroc et notamment avec la fin de la mission de l’IER (Instance Equité et Réconciliation). D’ailleurs, l’IER, son travail et son rapport final, seront présents lors des travaux de ce congrès qui devra être clos, dimanche, par l’élection d’une nouvelle instance dirigeante. L’OMDH, parmi les documents de travail qu’elle soumet à ses congressistes (près de 300), publiera également des rapports spécifiques sur les événements de Laâyoune et sur Al Hoceima et sa région après le tremblement de terre de 2004. L’OMDH inaugurera les travaux de son congrès national par plusieurs rencontres et tables rondes autour des droits de l’Homme et de la transition démocratique.
Comme pour tout congrès du genre, ce rendez-vous national de l’OMDH ne manque pas d’enjeux et surtout pour les membres qui figureront au bureau national de l’ONG. Il sera notamment question de l’élection d’un président pour remplacer Abdellah Oualladi qui n’a pas le droit de se porter candidat à sa succession vu qu’il a épuisé les deux mandats que permettent les statuts de cette ONG. Les militants de l’OMDH avancent déjà deux noms qui auraient de fortes chances de remporter l’adhésion des congressistes. Il s’agit d’abord de la vice-présidente sortante, Amina Bouayyach, qui assure également la vice-présidence de l’Organisation arabe des droits de l’Homme et représente le Maroc dans plusieurs ONGs internationales. Contactée par ALM, Amina Bouayyach affirme ne pas être, encore, candidate déclarant qu’il faudra respecter les phases de tout un processus (signatures à réunir, constitution d’une liste…). Toutefois, Amina Bouayyach part avec cet avantage qu’elle fait l’unanimité autour d’elle au sein des militants USFP de l’OMDH. Son challenger n’est autre que Abderrahim Maâdani, secrétaire général sortant de la même OMDH. Abdelaziz Nouidi, qui réunissait de fortes chances pour succéder à Abdellah Oualladi, a quitté l’OMDH depuis plusieurs mois pour fonder une nouvelle ONG pour laquelle il a choisi l’appellation "Adala" (Justice).
Abdellah Oualladi a assuré deux mandats dans une conjoncture assez spéciale. Il a été à la tête de l’OMDH au moment où ses amis USFP entraient au gouvernement avec l’alternance. Son dernier mandat a également coïncidé avec la mise en place de l’IER. Beaucoup de militants lui reprochent de ne pas avoir trop sauvegardé le "style OMDH" qui est plutôt basé sur la qualité des productions (études et rapports). Pour plusieurs observateurs, l’OMDH, qu’on ne peut taxer de rompue au travail de terrain et à la contestation, a été "débordée" par l’AMDH et le FVJ qui ont beaucoup fait dans le "militantisme-spectacle".
L’autre enjeu de cette ONG est la sauvegarde de son indépendance vis-à-vis de l’USFP, mais aussi des autres partis. Les militants tablent sur les mécanismes internes pour ce faire. Et dégager un conseil national équilibré (51 membres au maximum) qui aura la charge d’élire un bureau national. L’OMDH, fondée en 1988, a eu plusieurs présidents dont on peut citer Mehdi Manjra, Khalid Naciri, Omar Azziman et Abdelaziz Bennani.