Selon le premier rapport de l’OMS sur les conséquences désastreuses de l’hypertension artérielle, 6,1 millions d’adultes âgés de 30 à 79 ans souffrent d’hypertension. Seulement 43% ont été diagnostiqués et 29% traités.
L’Organisation mondiale de la santé (OMS) vient de publier son premier rapport sur les conséquences désastreuses de l’hypertension artérielle au niveau mondial. L’hypertension touche 1 adulte sur 3 dans le monde. Ce rapport montre qu’environ 4 personnes sur 5 souffrant d’hypertension artérielle ne sont pas traitées correctement. L’OMS estime que 76 millions de décès pourraient être évités entre 2023 et 2050 si les pays étendaint la couverture des médicaments. Au Maroc, 6,1 millions d’adultes âgés de 30 à 79 ans souffrent d’hypertension dont seulement 43% ont été diagnostiqués et 29% traités. A noter que seulement 10% de ces malades sont contrôlés. La prévalence de l’hypertension artérielle parmi les adultes âgés de 30 à 79 ans est de 35% dans la population globale (35% chez les femmes contre 36% chez les hommes). Les données de l’OMS font état 247.000 décès au Maroc en 2019. Dans les détails, les décès dus aux maladies cardiovasculaires se sont chiffrés à 127.000 (60.700 chez les hommes et 65.800 chez les femmes).
Les décès par maladie cardiovasculaire attribuables à l’hypertension artérielle systolique sont estimés à 63% pour les deux sexes (59% pour les hommes contre 67% pour les femmes). Dans son rapport, l’OMS fait remarquer qu’afin d’atteindre un taux de contrôle de 50%, 2,4 millions de personnes supplémentaires souffrant d’hypertension devraient être traitées efficacement. Par ailleurs, 223.000 décès seraient évités d’ici 2040 grâce à une prise en charge efficace de l’hypertension. Concernant les facteurs de risque, l’excès de consommation de sel contribue à une augmentation de la tension artérielle. Le rapport indique qu’au Maroc la consommation moyenne de sel chez les adultes de 25 ans et plus est de 6g/jour. Les hommes consomment plus de sel que les femmes avec 7g par jour contre 5g/jour pour les femmes.
A ce sujet, l’OMS recommande de consommer moins de 5 grammes de sel par jour. Parmi les autres facteurs de risque figure le tabagisme chez les 15 ans et plus avec une prévalence de 15% parmi la population (29% chez les hommes et 1% chez les femmes). Quant à l’obésité chez les adultes âgés de 18 ans et plus, l’OMS signale une prévalence de 26% parmi la population. Ce trouble courant et potentiellement mortel est à l’origine d’accidents vasculaires cérébraux, d’infarctus du myocarde, d’insuffisance cardiaque, de lésions rénales et de nombreux autres problèmes de santé. Le nombre de personnes hypertendues (dont la tension artérielle est égale ou supérieure à 140/90 mmHg ou qui prennent des médicaments antihypertenseurs) a doublé entre 1990 et 2019, passant de 650 millions à 1,3 milliard. Près de la moitié des personnes hypertendues dans le monde ignorent actuellement qu’elles le sont. Au Maroc, les résultats de l’enquête STEPS de 2018 sur les facteurs de risque des maladies non transmissibles avait révélé que plus d’un tiers des répondants n’ont jamais mesuré leur tension artérielle. Ceci est plus marqué chez les hommes et en milieu rural, avec respectivement une proportion de 52 et 43,5%. Pour faire face à ce problème de santé publique, le ministère de la santé et de la protection sociale avait mis en place un programme national de prévention et de contrôle de l’HTA depuis 1996. Selon les chiffres officiels, le nombre des hypertendus pris en charge et suivis au niveau des établissements de soins de santé primaire (ESSP) a dépassé 1.250.000 en 2021.
Les principales recommandations de l’OMS
Le rapport souligne qu’il est important de prendre en charge efficacement l’hypertension suivant les recommandations de l’OMS pour sauver des vies. Cette prise en charge comprend les cinq éléments, à savoir le protocole, la fourniture de médicaments et d’équipement, les soins en équipe, les services centrés sur le patient et les systèmes d’information. L’OMS estime que des protocoles thérapeutiques pratiques précisant les médicaments à utiliser et la posologie et prévoyant des mesures spécifiques pour gérer la tension artérielle non maîtrisée permettent de rationaliser la prise en charge et d’améliorer l’observance. Le traitement efficace de l’hypertension suppose un accès régulier et ininterrompu à des médicaments abordables.
Actuellement, les écarts de prix des médicaments antihypertenseurs vont de un à dix selon les pays. L’OMS insiste sur le fait que les résultats pour les patients s’améliorent lorsqu’une équipe collabore pour ajuster et intensifier les schémas thérapeutiques antihypertenseurs conformément aux ordonnances et aux protocoles établis par les médecins. S’agissant des services centrés sur le patient, il s’agit de tenter de lever les obstacles aux soins en proposant des traitements faciles à prendre, des médicaments gratuits et des visites de suivi près du domicile, et en rendant le contrôle de la tension artérielle facilement accessible. Enfin, l’OMS note que des systèmes d’information simples et centrés sur l’utilisateur facilitent l’enregistrement rapide des données essentielles relatives aux patients, réduisent l’effort de saisie des données par les agents de santé et facilitent une généralisation rapide tout en maintenant ou en améliorant la qualité des soins.
