L’homme est, en apparence, d’un calme olympien. Mais dès qu’il parle de scoutisme, le regard de Moulay Brahim Ouazzani Touhami s’enflamme et son verbe devient volubile. Cet heureux septuagénaire vit une retraite paisible et bien méritée. Mais, en tant que citoyen, il se montre inquiet quant à l’avenir de la jeunesse de son pays. Il estime, en effet, que celle-ci se dirige vers une «destinée non contrôlable». Bon pied, bon oeil, Moulay Brahim Ouazzani aspire encore à faire quelque chose pour ce pays qu’il aime tant. Pour ce faire, cet homme qui a dédié toute son existence au scoutisme, qu’il a intégré en 1942, a rédigé un manuel, «Les notes techniques de Chacal», afin de mettre à la disposition de tous les chefs sa longue expérience. Sa participation aux différents camps de formation au Maroc, en France et en Angleterre lui ont permis d’acquérir une excellente connaissance de la méthode scoute.
Après avoir reçu ses premier et deuxième degrés, respectivement en 1949 et en 1952, il a été breveté des camps Ecole de Galwel, en Grande-Bretagne (1956), Capy (1953) Chamarende (1956), en France, et a participé à plusieurs stages, dans les maîtrises de différentes Fédérations. A la suite de quoi, il a obtenu le brevet de directeur de Camp de Formation. Pour lui, il est essentiel de redire que le scoutisme est une école de civisme par le moyen de la nature, que ses techniques tendent à développer des qualités de coeur, de corps et d’esprit, comparables à celles du trappeur, du forestier ou du navigateur pour les utiliser dans la vie de tous les jours.
En somme, il s’agit de préparer des hommes et des femmes à vivre pleinement dans le monde des adultes. L’essentiel est de parvenir à un épanouissement maximum. Ainsi, le système des brevets contribue-t-il à obtenir un libre développement harmonieux et équilibré. Bien loin de couler dans un moule identique tous les garçons et les filles qui lui sont confiés et de créer un type d’homme et de femme pour une société définie à l’avance, le scoutisme a le souci de développer chacun d’eux dans le sens même de leur personnalité. Selon Moulay Brahim Ouazzani, le contact des autres, les problèmes à résoudre, doivent amener une véritable imprégnation. Et donner naissance à des habitudes, des réactions, des attitudes devant la vie que les jeunes transposeront, plus tard, dans leur existence d’adultes.
C’est l’essence même du volumineux ouvrage qu’il a écrit et qui comporte, dans les moindres détails, tous les aspects relatifs à la vie de scout. Et de conclure qu’il est convaincu que le scoutisme, ou plutôt la méthode scoute, est la seule façon de former de bons citoyens qui aiment leur pays tout en lui donnant le meilleur d’eux-mêmes.