Le syndicat national unifié des patrons boulangers et pâtissiers du Maroc a décidé d’appliquer la fameuse augmentation du prix du pain: trente centimes, en trois étapes. Cette décision a été prise par le syndicat lors de sa réunion du 16 janvier dernier, au lendemain de la grève de deux jours observé par les boulangers du Maroc. C’est ainsi qu’à partir du 23 janvier prochain, le prix de la baguette de 200 g passera de 1,10 DH à 1,20 DH. Le 23 avril, il sera vendu à 1,30 DH et enfin le 23 juillet 2004, à 1,40 DH. Pour ce qui est du pain à 400 g, son prix de vente au public sera augmenté selon le même calendrier. Les Marocains l’achèteront respectivement à 1,90 DH, puis 2,10 DH pour finir à 2,30 DH.
« Il ne s’agit pas d’une augmentation, mais d’une simple réactualisation du prix de vente », affirme le président du syndicat El Houssine Azaz. La nuance est importante pour lui. Et pour cause, le prix de la trentaine de matières dont ont recours les boulangers, directement et indirectement, pour confectionner le pain connaissent des augmentations régulières. « Mais malgré cela, le prix du pain est resté inchangé depuis 13 ans », déplorent les boulangers.
En fait cette augmentation, ou actualisation du prix de vente, se base sur une décision gouvernementale datée du 14 octobre 2003. Elle est donc tout à fait légale. A l’époque, les responsables du syndicat s’étaient réunis avec le Premier ministre qui leur a signifié que SM le Roi a ordonné que l’augmentation du prix du pain ne soit pas appliquée lors du mois de Ramadan. « Chose que nous avons acceptée sans aucune objection », souligne Azaz. Et de préciser qu’il ne s’agit pas d’une annulation de la décision d’augmentation du prix mais uniquement d’un report d’exécution de celle-ci ». L’accord de modération entre les boulangers et le gouvernement est clair. Il prévoit la possibilité de réajuster le prix du pain en cas d’augmentation du prix des matières nécessaires à sa confection. En somme, les boulangers avaient le droit d’augmenter le prix du pain, conformément à la décision gouvernementale du 14 octobre 2003. C’est à se demander pourquoi avoir observé l’arrêt de deux jours, les 14 et 15 janvier 2004.
Le président Azaz explique qu’après le report du mois de Ramadan, conformément aux instructions royales, le syndicat a saisi le Premier ministre et le ministre des Affaires générales du gouvernement. Deux lettres leur ont été envoyées le 15 décembre et le 25 décembre. « Mais les responsables du gouvernement n’ont pas réagi », affirme Azaz. « La grève avait ainsi pour but d’expliquer notre position à l’opinion publique », poursuit-il. Rappelons que le pain dont il est question ici est confectionné à base de la farine de luxe, non subventionnée par l’Etat. Par ailleurs, une étude du ministère des Affaires économiques, datée de 2000, du temps où Ahmed Lahlimi en détenait les rênes, a montré que le pain de 200 grammes revient à 1,23 DH.