Conformément à une analyse des mécanismes de fonctionnement des institutions élues, et en vue d’améliorer le rendement et les conditions de travail des députés, les partis politiques et le gouvernement sortant avaient décidé, en commun accord, de fixer le seuil de représentativité de 3 % des voix acquises, en dessous duquel les candidats aux élections seront éliminés. Aussi, la logique aurait été d’établir le même seuil en ce qui concerne la constitution des groupes parlementaires, ce qui permettra à toute formation politique ayant au moins 10 sièges à la Chambre des représentants de constituer son propre groupe. Mais pour certains grands partis, ce nombre est faible et ne participe guère à l’arrêt de l’effritement du paysage politique.
Le débat est donc houleux sur cette question ; sachant qu’au moment où nous mettons sous presse, les discussions au sein de la première chambre battent leur plein.
Bien entendu, pour les formations les plus concernées comme le front des forces démocratique ( FFD), l’obligation de la hausse du nombre exigé pour la constitution des groupes parlementaires est paradoxale dans la mesure où il s’agit d’une position qui ne tient compte ni de la réalité politique du pays, ni du consensus adopté à ce sujet.
Pour ce qui est du paysage politique, ce serait une tautologie que de rappeler la faiblesse des formations politiques, puisque la première force partisane ne dispose pas plus de 12% du nombre total des électeurs.
En revanche, en ce qui concerne le consensus, force est de conter que les partis politiques avaient conclu un accord entre eux fixant le seuil de représentativité à 3 %, un seuil qui devrait-être, normalement, adopté au niveau de la Constitution des groupes parlementaires.
En France, ce taux est de 3,4 %, en Allemagne, il est de 5 % alors qu’en suisse, il suffit d’avoir 5 députés pour constituer un groupe. Le Parlement suisse dispose de 200 parlementaires. Ceci dit, le débat de fond ne doit nullement se réduire à la question «numérique» des groupes, mais doit s’inscrire dans une logique plus large et plus importante qui met le doigt sur les vrais problèmes touchant à la gestion parlementaire. En France, chaque député dispose d’un bureau et d’un staff de conseillers, en plus d’une rémunération non moins importante que celle d’un ministre, alors qu’au Maroc, les députés n’ont ni bureau ni assistants, ni moyens de travail. Souvent, ils sont livrés à eux-mêmes et acculés dans certains cas à «faire le tourisme à Rabat», selon une expression de Abdessalem Seddiki, membre du Bureau exécutif du FFD. A cela s’ajoutent le taux d’abstention élevé des députés et leur errance politique à travers les différentes formations partisanes. Cela étant, pour le PPS et le PSD, la constitution d’un groupe en commun, qui s’inscrit dans le cadre de l’alliance socialiste, semble les arranger, alors que pour l’Union démocratique, l’accent est mis sur le recrutement de députés appartenant à d’autres partis. Mais arrivera-t-elle à franchir le minimum exigé par ses amis de la majorité parlementaire ?