1 enfant sur 6 dans le monde vit dans une situation d’extrême pauvreté
Analyse
Selon un nouveau rapport de l’Unicef et de la Banque mondiale, 1,5% des enfants au Maroc, soit plus de 183.000, vivent dans des ménages extrêmement pauvres avec moins de 2,15 dollars.
Selon une nouvelle analyse conjointe de l’Unicef et de la Banque mondiale publiée récemment, environ 333 millions d’enfants dans le monde vivent dans une situation d’extrême pauvreté. Autrement dit, un enfant sur six dans le monde vit avec moins de 2,15 dollars par jour. Le document analyse des tendances mondiales de la pauvreté monétaire infantile sur la base de trois seuils de pauvreté internationaux : 2,15 dollars (extrême pauvreté), 3,65 dollars (revenu moyen inférieur) et 6,85 dollars (revenu moyen supérieur).
En 2022, les estimations montrent que 1,5% des enfants au Maroc vivent dans des ménages extrêmement pauvres (2,15 dollars), 10,2% vivent avec moins de 3,65 dollars et 43,6% avec moins de 6,85 dollars. Ainsi, le nombre d’enfants vivant des ménages extrêmement pauvre au Maroc s’est établi à 183.390 en 2022. A noter que 1.278.560 vivent dans des ménages avec moins de 3,65 dollars et 5.453.320 enfants vivent dans des ménages avec moins de 6,85 dollars. Au niveau mondial, 333 millions d’enfants vivant dans l’extrême pauvreté (2,15 dollars), 829 millions vivent avec moins de 3,65 $ et 1,43 milliard avec moins de 6,85 $. L’étude révèle que bien que le nombre d’enfants vivant avec moins de 2,15 dollars par jour ait diminué de 383 millions à 333 millions (soit 13 %) entre 2013 et 2022, l’impact économique de la Covid-19 a entraîné un retard dans les progrès réalisés de près de trois ans. En l’absence des perturbations liées à la Covid-19, ce sont 30 millions d’enfants supplémentaires qui auraient dû passer au-dessus du seuil de pauvreté.
Ainsi, les enfants représentent plus de 50% des personnes en situation d’extrême pauvreté, alors qu’ils ne constituent qu’un tiers de la population mondiale. Les enfants sont près de deux fois plus susceptibles que les adultes – 15,8% contre 6,6% – de vivre dans des ménages extrêmement pauvres, où ils ne disposent pas de nourriture en suffisance, d’installations sanitaires adéquates, d’abris et d’accès aux soins de santé et à l’éducation dont ils ont besoin pour survivre et s’épanouir.
Les enfants les plus vulnérables, notamment ceux qui vivent en milieu rural et ceux dont le chef de famille n’est pas ou peu éduqué, sont nettement plus touchés par l’extrême pauvreté. Selon le rapport, on estime qu’un enfant sur trois dans les pays touchés par les conflits et la fragilité vit dans des ménages en situation d’extrême pauvreté, contre un sur dix dans les États «non fragiles». Au rythme actuel de progression, l’objectif des ODD consistant à mettre fin à l’extrême pauvreté infantile d’ici à 2030 ne sera pas atteint.
Les solutions
Pour mettre fin à l’extrême pauvreté et contrecarrer le recul engendré par la pandémie, l’Unicef et la Banque mondiale appellent les gouvernements à donner la priorité aux programmes visant à lutter contre la pauvreté infantile, notamment en élargissant la couverture de la protection sociale pour les enfants afin de bénéficier à ceux vivant dans des ménages extrêmement pauvres. Il s’agit aussi de concevoir des portefeuilles de politiques publiques pour aider les ménages nombreux, ceux qui ont des enfants en bas âge et ceux qui vivent dans des zones rurales.
L’investissement dans la petite enfance s’est avéré l’un des moyens les plus efficaces pour mettre fin à la persistance transgénérationnelle de la pauvreté, avec des retombées positives pour les individus, les familles et les sociétés. Il est aussi question d’accroître l’accès aux allocations familiales universelles, une mesure dont l’efficacité a été prouvée pour réduire la pauvreté des enfants. Enfin, l’Unicef et la Banque mondiale recommandent la conception de programmes de protection sociale inclusifs, en tenant compte des besoins spécifiques des personnes handicapées et des femmes.