Société

Perpétuité pour la danseuse

© D.R

Mercredi 16 juin 2004, tard dans le soir, la chanteuse et danseuse populaire, Malika, et ses trois complices, tous des jeunes hommes, étaient aux geôles de la Cour d’appel de Casablanca. Ils attendaient que la cour sorte de la salle de délibération pour rendre son verdict. Ils risquent des peines lourdes, car leur crime est d’une cruauté accablante. Il remonte au samedi 25 janvier 2003. Ce jour, un chiffonnier s’est étonné de la découverte d’un sachet en plastique noir, renfermant quelque chose qui ne ressemble pas à des ordures, en le touchant à la décharge publique située à la route de Médiouna, Casablanca. En fouillant son contenu, il a découvert la tête d’une personne de sexe masculin.
Aussitôt, il a appelé d’autres chiffonniers qui se préoccupaient de collecter des objets utiles. Ils l’ont rejoint pour voir ce qu’il avait découvert. Les cris d’un autre chiffonnier qui se trouve un peu plus loin les ont attirés. Il a découvert sept autres sachets en plastique noir, entassés sur le même lieu, renfermant d’autres parties d’un cadavre d’un être humain. Perturbés, ils ont alerté les éléments de la Gendarmerie royale de Médiouna qui n’ont pas perdu une seconde pour se dépêcher sur les lieux. Ils ont entamé les premiers constats d’usage et écouté les témoignages des chiffonniers. Seulement une opération de ratissage sur les lieux leur a permis de mettre la main sur un indice très important, au moins pour identifier la victime. Ils ont découvert la carte professionnelle du défunt, jetée un peu plus loin des lieux des sachets.
Il s’agit d’Ahmed. B, âgé de 36 ans, agent de sécurité à l’Office nationale des aéroports, demeurant au Carrière Carlotti, un quartier de Derb Soltan, à Casablanca. Un fourgon mortuaire s’est dépêché sur le lieu et il a transporté les parties du cadavre vers la morgue. L’identité du défunt et son adresse à la main, les enquêteurs se sont déplacés vers son domicile. Sa mère leur a confié qu’il a quitté la maison depuis vendredi matin sans donner signe de vie. L’enquête, qui s’est poursuivie, a dévoilé une relation de concubinage que la victime entretenait avec une “Chikha“ (chanteuse et danseuse populaire), qui s’appelle Malika. Elle demeure au n°9 rue 9, quartier Al Ahd Al Jadid, près du hammam Al Fane, Sbata. Malika est âgée de 44 ans. Cette veuve depuis neuf ans et mère de deux enfants (Dounia, 11 ans et Amine, 13 ans) demeurait, à la rue Moulay Driss, Derb Al Baladia, quartier Derb Soltan, pas loin de la demeure d’Ahmed.
Un voisinage qui leur a permis de se rencontrer un jour de 1995 et d’entretenir une relation amicale. D’une rencontre à l’autre, elle est tombée amoureuse de lui. Depuis, elle ne supporte plus le voir avec une autre fille. Au fil des jours, il s’est trouvé, lui-même, accroché à elle. Elle ne le laissait pas désirer quelque chose sans la lui satisfaire. Ils vivaient comme des époux. Il passait des jours chez elle à manger, à s’enivrer et à partager le même lit.
«Je veux me marier». C’est une belle phrase qu’elle a entendue de lui, un jour. Elle a cru qu’il a pensé à elle comme future épouse. Elle était très contente de l’entendre parler de mariage. Seulement, l’autre phrase : «Je vais me marier avec une autre et non pas une Chikha» a fait déborder le verre. Perturbée, elle n’a pu croire ses oreilles. Il lui a répété la phrase pour qu’elle s’assure de ses paroles. Et elle a sursauté de sa place pour le menacer : «Si tu te maries avec une autre femme que moi je te tue…». Ahmed n’a pas pris ses menaces au sérieux et il a continué à la rencontrer chez elle, à faire l’amour avec elle, à passer des bons moments avec elle. «Nous devons nous séparer parce que je vais me marier», lui dit-il une fois encore sans hésitation. Elle n’a pu supporter ses paroles et elle a décidé cette fois-ci de passer à l’acte. Quel acte ?
«Allo, Ahmed, je t’appelle pour que tu viennes chez moi ce soir pour passer de bons moments et à la même occasion pour te livrer un chèque de mille dirhams que tu m’avais prêtés…», lui affirme-t-elle par téléphone. Sa décision de rompre avec elle, l’a incité à hésiter au départ, mais il a cédé par la suite. Pourquoi ? Personne ne sait. Il s’est rendu chez elle le vendredi, l’a trouvée bien habillée et bien maquillée. La table était bien servie en vin et bière. Il lui semble qu’elle a décidé de passer avec lui toute la nuit. «Ce devrait être la dernière nuit qu’on passera ensemble», lui aurait-elle dit avec un grand sourire.
D’un verre à l’autre, les têtes ont tourné et Malika a profité de l’inattention de son amant pour lui asséner des coups mortels par un objet en fer. Ahmed a perdu conscience pour rendre l’âme par la suite. Il lui reste à se débarrasser du cadavre. Pour cela, elle a fait appel à trois autres complices. Ils ont découpé le cadavre en morceaux avant de les mettre dans des sachets en plastique et les jeter juste à côté de la décharge publique de Médiouna, et ce, contre 600 dirhams.
Lorsque la cour est sortie pour les délibérations, le quatuor était déjà dans la salle d’audience entouré des policiers. Calmement, ils ont entendu le verdict : La perpétuité contre Malika, 20 ans de réclusion contre deux des trois complices et 15 ans de réclusion contre le troisième.

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