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Petites domestiques: Quand le Maroc légalise le travail des mineurs

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Selon la FLDDF, le travail des jeunes mineures, même à partir de 16 ans, remet en question la mission du gouvernement dans l’amélioration de la vie des familles en général.

Nos petites domestiques ne sont pas encore sorties de l’auberge. Le projet de loi 19.12 a été voté, lundi 9 mai, en commission parlementaire. Ainsi le Maroc se dirige vers l‘approbation du travail des enfants mais «conditionné» à partir de 16 ans. Vu de cette façon, on a tendance à croire que cela a permis d’améliorer le statut de ces petites travailleuses. Or, le vote  ne satisfait en aucun cas les attentes de la société civile.

En voilà un autre vote qui suscite la grogne du Collectif pour l’éradication du travail des domestiques et celle de la Fédération de la Ligue démocratique Des droits des femmes (FLDDF). Pour ces associations, «à 16 ans on est encore adolescent, et l’enfant doit se trouver soit à l’école ou en formation». Il est évident que même au-delà de 16 ans, l’enfant peut être victime de maltraitance ou de viol. Toutefois, outre la maltraitance physique, les «petites bonnes» sont souvent brisées psychologiquement par le travail domestique. Celui-ci étant entamé très tôt, jamais choisi et imposé par plusieurs raisons.

La FLDDF n’a pas hésité à exprimer sa déception quant aux enjeux de ce vote. A cet effet, elle souligne que le fait d’approuver le travail des jeunes mineures, même à partir de 16 ans, remet en question la mission du gouvernement dans l’amélioration de la vie des familles en général. Débattu depuis déjà plusieurs mois, le projet de loi a même provoqué la publication d’une lettre ouverte au Fonds des Nations Unies pour l’enfance (Unicef) en février 2016. Cette lettre, adressée aux parlementaires marocains, devait faire en sorte que l’âge minimal des travailleurs domestiques soit fixé à 18 ans. En réponse, les parlementaires ont insisté sur la nécessité de prévoir en urgence un dispositif et des organismes qui permettront d’assurer le retrait des petites domestiques en situation d’exploitation et de faciliter leur réinsertion Pour rappel et selon les estimations de l’étude du Collectif pour l’éradication du travail des domestiques, ces dernières  étaient entre 66.000 et 88.000 «petites bonnes» au Maroc, il y a juste quelques années. Elles provenaient essentiellement de régions rurales et périurbaines toutes confondues. 38% d’entre elles sont à peine âgées de

8 ans ou dans le meilleur des cas, 12 ans. Ceci au moment où 62% de ces domestiques sont âgées de 13 à 15 ans. Selon les définitions internationales, l’on parle ici d’enfants.

Il est évident donc que le nouveau projet de loi va permettre de sauver la plupart de ces jeunes filles, surtout celles âgées de moins de 16 ans. Néanmoins, les questions posées à l’issue du vote exigent plusieurs réponses. A 16 ans, l’enfant est-il réellement habilité à «servir» ? Quelle politique adoptera l’Etat et sur quels critères se basera-t-il pour réprimander les familles qui asservissent les jeunes enfants?  Et quels efforts fournira-t-il pour l’éradication du travail des «petites bonnes» ? En attente de réponse, le Collectif  devrait se réunir fin mai pour établir une nouvelle stratégie. Le projet sera voté en séance plénière à la première Chambre ce 10 mai.

 Maryem Laftouty
(journaliste stagiaire)

 

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