Avec l’avènement de l’Open Sky, le métier de pilote est de plus en plus sollicité. Certaines compagnies, des low-cost notamment, sont même obligées d’en recruter sur le marché international.
«Le trafic aérien va se démocratiser de plus en plus. Nous assisterons en outre au départ à la retraite, à partir de 2009, de promotions entières de pilotes. Nous prévoyons ainsi un pic de la demande d’ici 2010 », explique le commandant Harakat. Accélérer la formation de pilotes de ligne, dans le cadre de la marocanisation des effectifs à long terme, s’avère donc une nécessité. Royal Air Maroc (RAM) est particulièrement consciente de cet état de faits. Depuis l’arrivée de Driss Benhima à la tête de la compagnie nationale, un changement d’approche dans le recrutement, ainsi que dans la formation des pilotes est en train de s’opérer.
L’école nationale des pilotes de ligne de la RAM, qui a rouvert ses portes il y a deux ans (après 7 ans de fermeture), accompagne ainsi cette forte demande en matière de pilotes de ligne. L’école de la RAM a ainsi recruté deux promotions d’élèves pilotes de ligne durant la même année, vu que le besoin en pilotes va s’accentuer.
Mais, devenir pilote n’est pas ouvert à tous. Aujourd’hui, pour devenir pilote professionnel au Maroc, il faut faire preuve d’une détermination à toute épreuve parce que seuls les plus motivés, et les plus calés en mathématiques, auront la chance de pouvoir, un jour, décrocher le gros lot.
On peut devenir pilote de ligne en poursuivant naturellement ses études après le Bac. Bon an, mal an, une cinquantaine d’élèves-pilotes de ligne sont recrutés sur concours pour intégrer l’école nationale des pilotes de la RAM. A l’issue d’un cursus de deux ans , leur avenir est garanti.
Et, bonne nouvelle pour ceux qui souhaitent se donner des ailes et exercer le métier de pilote, la formation est redevenue gratuite, alors qu’auparavant, elle coûtait 700.000 DH pour l’obtention de la licence de base et 300.000 DH pour la qualification en ligne. Un coût particulièrement élevé. La formation d’un pilote coûte à titre d’exemple dix fois plus que celle d’un ingénieur.
Mais actuellement, et suite aux nouvelles directives de Driss Benhima, la formation est prise en charge par les compagnies aériennes qui établissent des contrats d’embauche avec ces futurs pilotes. Pour le cas d’espèce, ce sont généralement Atlas Blue et la RAM (Royal Air Maroc) qui prennent ainsi en charge les frais de formation.
Il faut par ailleurs savoir que la réputation et le prestige des pilotes marocains sont mondialement reconnus. Mieux encore : afin de préserver le métier, les pilotes étrangers sont tenus de passer par une commission d’équivalence avant d’exercer dans une compagnie marocaine. Les détenteurs de licences européennes obtiennent automatiquement leur équivalence. Mais ce n’est pas le cas des licences nord-américaines. «Le niveau des pilotes de ligne américains n’atteint pas celui des pilotes de ligne marocains», affirme M. Harakat. Le Maroc tend d’ailleurs à devenir le pivot de la formation dans toute la région du Maghreb. Mieux encore, nous sommes le seul pays où il n’y a pas d’immigration de pilotes. Les salaires y sont certes pour quelque chose. Mais, selon les professionnels du secteur, «il faut démystifier l’histoire des salaires des pilotes». Actuellement, les salaires sont certes beaucoup plus évolutifs. Mais, selon le commandant Mohammed Bekkari, responsable formation à l’Association marocaine des pilotes de ligne (AMPL), les pilotes marocains, dont les salaires commencent à partir de 25.000 DH, sont beaucoup moins payés que leurs collègues européens.
L’avènement des low-cost devrait pourtant changer la donne. Ces derniers font appel à plusieurs types de pilotes, notamment des pilotes marocains qualifiés, des instructeurs pilotes de la RAM, ainsi que des pilotes belges, tunisiens et français pris sur le marché international.
La rémunération est toujours alignée sur les standards internationaux. Les salaires des pilotes ne sont donc pas encore près de baisser. Ils constituent d’ailleurs, chez les low-cost, entre 12% et 18% du chiffre d’affaires, contre 20% et 22% pour les compagnies classiques.
Les questions épineuses des salaires mise à part, être pilote de ligne demeure une source de plaisirs et de prestige intarissables… Piloter des avions modernes, faire décoller ou atterrir en douceur des monstres de plus de 400 tonnes, (40 gros camions !) ou encore surfer sur les nuages… c’est aussi allier une passion à un métier particulièrement exigeant.
Entre prestige et responsabilité
Evoluer sur des avions modernes dans les trois dimensions, maîtriser les trajectoires, gérer les vols à 30 000 pieds… tout contribue à sublimer le métier de pilote! mais être pilote, c’est également une grande responsabilité. Le commandant de bord est responsable de son vol, agissant comme un chef d’entreprise. Il a pour mission de le mener à bien, en toute sécurité, en relation avec tous les services (opérationnels, commerciaux et techniques). Il effectue pour cela la synthèse des opérations nécessaires au vol et en assume la responsabilité. Tout au long de sa carrière, le pilote doit faire face à toutes les situations avec un professionnalisme sans faille. Il doit appliquer les règles strictes de son métier : maintien et contrôles du niveau professionnel, contrôles médicaux, adaptabilité, connaissance et respect des règles, souci permanent de la sécurité des vols. L’investissement personnel y est essentiel.