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Plus de 163.000 Marocains ont besoin de soins palliatifs chaque année

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L’offre de soins palliatifs au Maroc a connu une amélioration. Cela dit, le pays fait face à un manque de ressources humaines spécialisées et de centres adaptés. Très peu des patients ayant des besoins palliatifs ont accès à de la morphine orale. Les détails.

Le ministère de la santé et de la protection sociale a publié un rapport sur l’évaluation des soins palliatifs (SP) au Maroc sur la base des indicateurs de l’OMS. Ce rapport, qui a été coordonnée par Atlantes, Observatoire global des soins palliatifs, examine l’état actuel de ces soins et les défis auxquels le pays est confronté pour fournir des SP accessibles et efficaces aux citoyens. Il a été estimé que plus de 163.000 Marocains ont besoin de ces soins chaque année. S’agissant de l’utilisation de médicaments essentiels, le rapport indique que la consommation annuelle d´opioïdes est estimée à 1,34 milligramme par personne et par an. Malgré cette augmentation, elle reste encore faible (< 3 mg/habitant/ an). Se pose le problème de la disponibilité de ces médicaments en dehors des établissements de santé de niveau 3 (CHU et centres d’oncologie). Peu de pharmacies et d’hôpitaux stockent de la morphine orale. Il faut aussi relever que seule une petite fraction des médecins prescrit des opioïdes. Et par conséquent, très peu des patients ayant des besoins palliatifs ont accès à de la morphine orale. Toutefois, le rapport signale une évolution significative de la consommation de la morphine au Maroc qui est passée de 7,28 kg en 2009 à 25,08 kg en 2016 et à 30,89 kg en 2022.

Formation insuffisante
La formation initiale en soins palliatifs au Maroc reste insuffisante. Concernant la formation initiale des médecins, les SP représentent un élément transversal de la formation médicale intégrée à d’autres matières. En 2015, une réforme des études médicales a inscrit, pour les étudiants en médecine, une formation de base en SP de 20 heures au cours de la 5ème année d’études de médecine. Pour cette formation théorique, la formation est assurée par les médecins anesthésistes et radiothérapeutes et elle concerne particulièrement la prise en charge de la douleur. En plus, la Faculté de médecine et de pharmacie de Marrakech a mis en place depuis 5 ans une formation sur les SP de 4 jours au profit des étudiants de 6ème année de médecine. Au Maroc, la spécialisation en SP est en cours de développement. Actuellement des formations continues accréditées et certificatives sont disponibles. Les médecins spécialistes en SP sont formés à l’étranger. Il n’existe pas de spécialité paramédicale en soins palliatifs.

Manque de ressources humaines spécialisées
L’offre de soins palliatifs au Maroc a connu une amélioration. Cependant, beaucoup d’efforts sont nécessaires pour prendre en charge tous les patients. Le Maroc fait face à un manque en ressources humaines spécialisées en SP, un manque en centres adaptés pour prodiguer des SP généraux et en phase terminale et un suivi insuffisant des patients après le retour à domicile. Notons qu’actuellement le Maroc dispose de 11 unités fixe de SP dans les centres régionaux d’oncologie dans plusieurs villes, à savoir Meknès, Rabat, Casablanca, Fès, Marrakech, Beni Mellal, Oujda, Nador, Al Hoceima, Tanger et Laâyoune. Une unité fixe de SP sera mise en place à Agadir. Concernant le mode mobile des soins palliatifs, le Maroc dispose de 26 unités mobiles. Ce sont normalement des soins palliatifs centralisés au niveau de soins tertiaires (CHU/Centre d’oncologie), pour les patients atteints d’un cancer au stade palliatif par le biais de visites à domicile, de soins ambulatoires ou en hospitalier. Peu d’établissements privés proposent des soins palliatifs. Parmi les équipes de SP, l’unité de soins palliatifs à Casablanca est un centre de référence et de formation, et voient le plus grand nombre de patients cancéreux en SP. Par ailleurs, il est important de relever qu’il n’existe pas encore de programmes pédiatriques de soins palliatifs spécialisés à l’échelle nationale. Il n´existe pas d’unité de SP pédiatriques. Cependant, le Maroc dispose de six centres spécialisés en oncohématologie et oncopédiatrie (2 à Casablanca), Rabat, Fès, Oujda et Marrakech.

Financement
Les SP ne représentent que 1% du budget global du Plan national de prévention et de contrôle du cancer : le plan alloue 8,7 millions de dollars à la mise en œuvre des composantes des SP sur une période de 10 ans (5 millions DH pour développer la gestion de la douleur, 6 millions pour le soutien social et 75 millions pour le développement du réseau de SP). Dans le cadre du partenariat entre l’OMS et le ministère de la santé, l’OMS a mis en place un appui financier de 4 millions de dirhams pour la période2020-2022. Cet appui financier était destiné à la formation des acteurs de santé ainsi qu’à l’équipement des équipes mobiles. Rappelons que le Maroc dispose de lignes directrices en matière de SP pour les maladies non transmissibles. En 2010, le Maroc a inclus les SP dans les politiques nationales de santé, notamment dans le Plan national de prévention et de contrôle du cancer et dans la Stratégie nationale multisectorielle de prévention et de contrôle des maladies non transmissibles 2019–2029. Les services de SP sont inclus sur la liste du paquet minimum de soins dispensés au niveau des soins primaires (stade avancé), mais il n’y a pas encore de mécanisme de suivi pour l’accès à ces services.

C’est le titre de la boite
Les besoins de soins palliatifs continueront d’augmenter
OMS  : Selon l’OMS, les soins palliatifs sont une approche pour améliorer la qualité de vie des patients (adultes et enfants) et de leur famille, confrontés aux problèmes liés à des maladies potentiellement mortelles. Ils préviennent et soulagent les souffrances grâce à la reconnaissance précoce, l’évaluation correcte et le traitement de la douleur. Ces soins sont requis pour beaucoup de maladies. La majorité des adultes qui en ont besoin a des affections chroniques, comme des maladies cardiovasculaires (38,5%), des cancers (34%), des maladies respiratoires chroniques (10,3%), le sida (5,7%) et le diabète (4,6%). La douleur est l’un des symptômes les plus fréquents et les plus sérieux éprouvés par les patients ayant besoin de soins palliatifs. On estime que, chaque année, 40 millions de personnes ont besoin de soins palliatifs au niveau mondial. Les besoins de soins palliatifs continueront d’augmenter à cause du fardeau croissant des maladies non transmissibles et du vieillissement des populations.

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