De plus en plus de femmes marocaines se marient avec des étrangers. Les statistiques le montrent clairement. «Dans ce genre de mariage, plusieurs facteurs s’imposent. Si certaines se marient par souci d’amélioration de leurs conditions socio-économiques, d’autres, par contre ont recours à ce type de mariage pour s’épanouir», explique à ALM, Malika Benradi, professeur à la faculté de droit de Rabat. Pour Mme Benradi, les Marocaines qui préfèrent convoler en justes noces avec des ressortissants occidentaux le font par besoin d’épanouissement, amélioration du niveau culturel et social alors que celles qui préfèrent épouser les ressortissants des pays arabes, les monarchies pétrolières en premier, le font par souci purement matériel. Lors d’un séminaire sur «Le mariage mixte : droit de la femme et de l’enfant» organisé vendredi 25 juillet à Rabat à l’initiative de l’Association marocaine des cadres et professionnels formés en Allemagne (MVDAFF) en étroite collaboration avec l’Institut Goethe de Rabat, animé par Mme Benradi , l’accent a été mis également sur le mariage mixte en tant que phénomène d’une «extrême sensibilité». Cette situation s’explique par le fait que le mariage mixte confronte deux ordres juridiques, celui du Maroc imprégné d’un référentiel religieux et celui du pays du conjoint fondé, pour la plupart des cas, sur les principes de la laïcité. Pour Mme Benradi, le phénomène est d’autant plus complexe lors de la séparation du couple en raison de la divergence des lois nationales des deux pays, ce qui a des répercussions sur les enfants. «Le premier problème qui se pose lors de la séparation du couple est le respect de la loi étrangère et nationale», indique Mme Benradi. «Le mariage mixte traduit trois distances : juridique vu que les lois ne sont pas les mêmes, géographique et culturel en raison des différences de culture», précise la même source. Selon une étude réalisée par le ministère de la Justice, le nombre de femmes marocaines ayant épousé des étrangers s’élève à 5.664 en 2007 contre 4.320 pour les hommes. En 2006, le nombre de femmes ayant contracté un mariage avec des étrangers était de 3.567 femmes contre 1.500 hommes. En 1997, elles n’étaient que 950 femmes à s’être mariées à des étrangers contre 614 hommes. Le thème exposé par Ahmed Zoughari portant sur «Les effets du mariage mixte sur la nationalité de la femme et de ses enfants», a également fait l’objet de discussions lors du séminaire. Désormais, la femme marocaine a le droit de transmettre sa nationalité à ses enfants quels que soient celle de leur père et le lieu de naissance. Le nouveau code de nationalité consacre le principe d’égalité entre les deux sexes en matière de nationalité. « La réforme apportée, en 2006, par la loi N° 62, a modifié les articles 6,7 et 9 du code de la nationalité de 1958, prescrivant par la suite, l’autonomie du rapport de maternité indifféremment du lieu où est né l’enfant dont la mère est marocaine, ou la nationalité de son père. Cela veut dire que l’enfant né d’une mère marocaine est traité sur le même pied d’égalité que l’enfant né d’un père marocain, sans distinction ou différenciation aucune», a conclu M. Zoughari.
Les mariages mixtes en chiffres et par pays à fin été 2007
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