Le nouveau code du travail réglemente la négociation collective et en fait l’un des droits essentiels des salariés. L’employeur est tenu de négocier annuellement avec les syndicats les plus représentatifs autour de leurs dossiers de revendication. Un Conseil tripartite (gouvernement – patronat – syndicats) a, par ailleurs, la charge de promouvoir la négociation collective et encourager la conclusion et la généralisation des conventions collectives de travail. Ainsi, le législateur a comblé un vide juridique qui, pendant longtemps, a été à l’origine des relations conflictuelles entre employeurs et employés.
Certes, ces nouvelles dispositions viennent renforcer les instruments du dialogue social. Mais au-delà de ces aspects juridiques, il nous semble nécessaire que les partenaires sociaux remettent en cause leur rôle de régulateur des rapports collectifs de travail. Au Maroc, les syndicats semblent être préoccupés davantage par la mobilisation des salariés autour de problèmes que par la recherche de propositions pour apporter des solutions à ces problèmes.
La recherche d’une relation sociale équilibrée passe par la promotion d’une culture du consensus, qui doit l’emporter sur la culture du conflit et de la confrontation. Pour cela, la démarche syndicale doit privilégier la capacité de proposition au détriment de la contestation. De même, la relation patronat -syndicats doit se débarrasser des tutelles et préjugés qui viennent biaiser le dialogue et, trop souvent, en empêcher l’aboutissement.
Nos syndicats gagneront également à adopter une attitude active, en formant les salariés non seulement sur leurs droits mais aussi sur leurs obligations, en les mobilisant non seulement sur les aspects revendicatifs mais aussi autour de valeurs telles que le dévouement au travail, l’esprit d’appartenance à l’entreprise, le sens de l’éthique…
En somme, il faut repenser les territoires traditionnels des syndicats. Dans l’entreprise, la séparation entre l’économique et le social ne tient plus. La réussite d’une négociation collective nécessite que les syndicats intègrent dans leur démarche les exigences de la lutte économique, étroitement liée à la lutte sociale.
Pour leur part, les patrons se doivent de privilégier la culture du dialogue, en reconnaissant les représentants des salariés, en les soutenant, en collaborant avec eux dans un véritable esprit de participation et en recherchant l’adéquation entre les impératifs économiques de l’entreprise et les attentes légitimes des travailleurs.
Quant à la démarche de négociation, elle devrait être fondée sur le compromis et non sur l’opposition des points de vue et la contestation des aspects négatifs. Ceci passe par l’écoute de l’autre et le respect de ses opinions. Car comme le disait Gandhi, «la règle d’or de la conduite est la tolérance mutuelle. Nous ne penserons jamais tous de la même façon, nous ne voyons qu’une partie de la vérité sous des angles différents ».