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Point de vue : Quelques chiffres révélateurs de la mendicité

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Opter pour l’autonomie pour lutter contre l’épidémie de ce fléau

Par El Moustaid Mustapha (*) 

Selon les statistiques figurant sur la presse nationale, un Marocain sur 150 est mendiant. Leur nombre au Maroc s’élèverait à quelque 200.000 dont plus de 62,4% sont des professionnels.

Les femmes en représentent 51,1% et les hommes 48,9 %. La région de Rabat-Salé- Zemmour-Zaer arrive en tête, avec un pourcentage de 21,8 %, suivie de la région du Grand Casablanca avec 17,8 %, tandis que la région de Chaouia-Ouardigha-Abda Doukkala enregistre le taux le plus faible, avec 6,8 % seulement. 34,6 % des mendiants ont entre 40 et 59 ans, les jeunes de 18 ans et moins représentent seulement 11,5 %. Avec un taux aussi élevé, le citoyen se trouve en difficulté de distinguer entre celui qui a vraiment besoin d’aide et celui qui pratique la mendicité comme profession.

Une vraie catastrophe sociale

Devenue un fléau social , la mendicité ne cesse d’élargir ses racines pour s’implanter dans tout le paysage marocain de façon à ce que le citoyen lambda a fini par s’adapter avec et dire que c’est une épidémie qui a contaminé notre société , et que personne ne peut stopper l’hémorragie.

Au Maroc, c’est impossible de s’asseoir dans un café, de marcher dans la rue, ou bien encore prendre le car sans être dérangé par un ou plusieurs mendiants qui demandent l’aumône.

Le pire, c’est que les personnes qui se sont habituées au gain facile par le biais de la mendicité trouvent beaucoup de difficultés à exercer les métiers ordinaires comme le commun des mortels. En d’autres termes, elles ne peuvent pas faire autre chose que tendre la main à tout passant, pour lui solliciter une aide pour l’achat de médicaments , ou même pour un complément financier pour finir un voyage , car tous les moyens sont bons pour obtenir un dirham, le prix d’un pain au Maroc.

Là vraiment on est en droit de se poser une série de questions. Est ce  que tous ces gens sont en situation de vraie précarité ? Se peut–il que la dignité humaine soit à ce point, perdue? Est-ce un exode rural grimpant ? Les gens sont insuffisamment payés et n’arrivent pas à arrondir les fins du mois souvent douloureux? Ou bien la cause est due à un faut choix économique par une mauvaise répartition des richesses ?

Le constat mordant qu’on peut faire sans se tromper est que la cohésion sociale est faible verticalement, c’est-à-dire de riches à pauvres. De cette situation dramatique s’ensuit une certaine haine du riche et du nanti de celui qui ne possède pas. Les écarts sont trop incohérents. Pourquoi un impôt sur la fortune n’est–il pas institué pour permettre une redistribution des richesses et qui ne demande que de la volonté politique ? De tout temps la stabilité d’un pays se trouve menacée dès lors que les contradictions sociales deviennent grandes.

Certes, sont nombreux les gens qui ont fait fortune rien qu’avec la mendicité. Mais malheureusement, la plupart des mendiants, surtout les enfants, sont exploités par les mafias de la mendicité. Il reste à se poser la question : La mendicité est-elle une fatalité ou le fruit d’une injustice sociale?

Dire que la mendicité est due plutôt à la concentration des richesses entre les mains d’une élite et au manque d’une stratégie pour éduquer nos compatriotes aux valeurs de citoyenneté, c’est rappeler aussi que le nouveau code pénal a aggravé les peines contre les personnes utilisant les enfants de moins de 5 ans dans la mendicité.

Les faux mendiants

Les faux mendiants, qui sont aptes au travail, choisissaient ce mode de vie au lieu de travailler. Il existe également une fausse mendicité organisée en réseaux. Ce type de mendiant se distingue par son refus de travailler et préfère la situation de sans domicile fixe. La mendicité organisée est un véritable phénomène social qui consiste non pas à faire vivre une famille mais à en faire un métier qui peut rapporter des fortunes.

C’est le cas de certains mendiants qui, après leur décès, se révèlent en possession de sommes d’argent assez considérables.

C’est le cas des femmes portant un enfant d’apparence fragile, mendiant dans les lieux publics et touristiques et qui, le soir venu, rejoignent leur mari dans une luxueuse automobile. Cette pratique est extrêmement perturbante pour le tourisme dans notre pays et salit notre image.

Certains enfants sont loués par leur famille à des bandes organisées dans la mendicité.

La mendicité est en majorité le fait de Marocains, mais on compte aussi des ressortissants d’Afrique noire, le Maroc étant un point de passage

pour atteindre l’Europe. Les «vrais mendiants» restent calmes et

respectueux, certains se montrent agressifs envers les gens , ils les

harcèlent, les insultent, ils estiment que leur donner de l’argent est un dû et un droit ; c’est pourquoi, ceux, qui cherchent la paix, acceptent de leur offrir quelques pièces.

Pour des jeunes femmes, elles préfèrent mendier que travailler, même si beaucoup de familles leur proposent du travail, mais elles refusent pour faire le moindre effort et gagner plus d’argent.

La mendicité est souvent le résultat d’un jeu psychologique qu’on appelle «Le triangle dramatique : Victime, Persécuteur, Sauveur».

Issu de l’analyse transactionnelle, intégré dans les jeux psychologiques décrits par la théorie, le triangle dramatique a été modélisé par le psychologue Karpman et s’applique à toutes les interactions humaines, qu’elles soient dans le domaine personnel, en relation de couple ou dans la vie de société , dans le domaine  professionnel, dans la vie politique lorsqu’on veut  choisir nos élus politiques ; certains compatriotes préfèrent jouer le rôle de victime à la recherche d’un élu sauveteur qui achète leurs voix avec de l’argent ; d’où l’importance d’éduquer le citoyen à l’autonomie et à la liberté du choix pour mettre la barrière devant les élus qui, une fois élus, ils vont les appauvrir de plus en plus car celui qui achète veut toujours un retour sur investissement.

Ces trois rôles «Victime, Persécuteur, Sauveur» ou jeux psychologiques sont générateurs d’inefficacité, consommateurs de temps, générateurs de sentiments négatifs et ne résolvent en rien les situations problématiques.

Les acteurs de ces jeux manquent complètement d’empathie et sont englués dans le rôle qu’ils endossent. Le jeu va offrir à chacun une identité qui remplit le vide. Les acteurs deviennent dépendants les uns des autres.

Le jeu crée le malaise et engendre la souffrance, quelle que soit la position que l’on prenne.

Le rôle central est tenu par la Victime. Son blâme et sa culpabilité renforcent le jeu, laissant tourner en rond le processus qui n’a finalement jamais de solution, tant que les acteurs prennent un rôle.

Le triangle dramatique est alimenté par le changement de rôle. La victime devient sauveur, le Sauveur devient victime ou sauveur, etc.

Ces trois rôles sont ceux que nous jouons quand nous entrons en conflit avec l’autre.

(*) Cadre responsable en communication, Coach

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