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Politique du genre : We4She poursuit son lobbying pour l’égalité en entreprise

© D.R

Les membres de We4She tous unis pour casser les stéréotypes qui freinent l’épanouissement de la femme.

Sensibilisation : Le réseau associatif pour l’empowerment féminin et l’égalité des genres au sein de l’entreprise We4She vient d’organiser, lundi dernier à Casablanca, une conférence sur les biais inconscients liés au genre, sous l’intitulé «Biais inconscients, ces stéréotypes qui font mauvais genre». Najat Vallaud Belkacem et Maxime Ruszniewski ont été invités à apporter un éclairage à cette problématique qui est mondiale.

L’événement qui aura accaparé l’attention de la salle pendant plus de deux heures a été marqué par la participation de Najat Vallaud-Belkacem et Maxime Ruszniewski. Elle est ancienne ministre des droits des femmes, porte-parole du gouvernement, ancienne ministre de l’éducation nationale, de l’enseignement et de la recherche. Elle est aussi directrice du programme Egalité femmes-hommes et politiques publiques à Sciences Po. Il est CEO Remixt et est membre du Haut Conseil de l’Egalité. L’expert est connu aussi par son ouvrage «Petit manuel du féminisme au quotidien» devenu la référence en matière de politique du genre. Cette rencontre a permis de mettre en lumière les défis posés par ces biais cognitifs qui influencent de manière subtile mais profonde les perceptions et les interactions sociales et professionnelles des unes et des autres. Le collectif entend aussi proposer des solutions permettant d’y mettre terme ou du moins d’en atténuer les effets.

Modéré par Salma Bennani et Ouns Lemseffer, membres du bureau de We4She, le débat a été orienté sur les échanges autour de ces obstacles invisibles qui accentuent les inégalités de genre dans tous les secteurs de la société. Les speakers ont démarré par une mise en revue des biais inconscients, liés au genre. Considérés comme un fléau silencieux, ces derniers ont été présentés lors du débat comme «des préjugés subtils profondément ancrés qui influencent la perception et les interactions avec les autres personnes ». Très souvent les personnes concernées n’ont même pas conscience et sans que leur contenu soit aligné avec leurs convictions réelles et déclarées. Les membres de l’association sont toutes unanimes à dire que «ces biais découlent de stéréotypes de genre qui dictent les rôles, des comportements et des capacités présumés associés aux hommes et aux femmes. Des associations qui ne se fondent pas sur des réalités factuelles ou des compétences réelles, mais qui sont le produit de la socialisation et de l’exposition à des normes culturelles persistantes».

Et c’est bien dans ce contexte où le poids culturel joue un rôle déterminant que l’attente inconsciente que les hommes soient naturellement plus aptes à des postes de direction ou des tâches techniques, tandis que les femmes sont censées être davantage adaptées à des fonctions requérant de l’empathie et des compétences de communication interpersonnelle s’installe dans les esprits…. En entreprise, les biais de genre peuvent influencer l’ensemble du parcours d’une personne, depuis les processus de recrutement jusqu’aux évaluations de performance et aux opportunités de promotion. «Ces présomptions ne sont pas seulement réductrices, mais elles limitent également les individus, les empêchant d’explorer pleinement leurs intérêts, leur potentiel et leurs capacités personnelles», rappellent les membres. Ces dernières prônent certaines actions pour atténuer les effets des biais inconscients liés au genre telles que des initiatives de formation et de sensibilisation. Elles sont jugées par le collectif essentielles pour permettre aux individus de reconnaître et remettre en question leurs propres préjugés. La recommandation est dans des démarches institutionnelles pratiques, comme les CV anonymes ou les processus d’évaluation structurés peuvent aider à réduire l’influence de ces biais.
Et c’est compte tenu de tous ces éléments que l’action de We4She s’est articulée autour de 4 piliers, dont le déploiement s’effectue selon une approche multidimensionnelle: le mentoring et le parrainage, le lobbying, la sororité et l’empowerment. Concernant le premier pilier (Mentoring et parrainage), la démarche consiste à soutenir individuellement les femmes pour les aider à accéder à des fonctions de responsabilité, en activant les leviers du mentoring et du sponsorship. «Grâce à notre réseau, elles peuvent rencontrer des mentor(e)s et des marraines/parrains aptes à les accompagner pour franchir les obstacles dans leur progression vers des postes de leadership», font savoir les membres du réseau. Le lobbying représentant le second pilier du collectif vise à améliorer la représentation des femmes dans les instances dirigeantes des entreprises. We4She s’appuie sur la Charte de la diversité des genres, qui sensibilise les décideurs et les grandes entreprises à l’égalité de genre. Les entreprises signataires de cette charte se sont engagées à respecter 4 principes : la mixité dans le recrutement, l’équité de rémunération, la mixité du management et enfin la mixité du conseil d’administration.
Le 3e pilier de We4She consiste à développer le potentiel personnel des femmes et à renforcer les liens au sein du réseau, notamment grâce à la commission «Sororité». Les membres entendent par là une solidarité et un soutien mutuel entre elles qui devraient favoriser l’autonomisation collective des femmes. Enfin le 4ème pilier renvoie à l’empowerment.

Il vise à autonomiser les femmes dans le monde des affaires à tous les niveaux et selon les principes retenus dans le nouveau modèle de développement du Maroc.
Et pour sensibiliser un public plus large, une campagne de sensibilisation a été menée par le collectif en mars 2022 à travers la série Moussawat, un ensemble de trois capsules de sensibilisation qui dénonce les discriminations et stigmatisations dont les femmes sont victimes en milieu professionnel. Cette production a pointé également du doigt les limitations qu’elles sont susceptibles de s’imposer à elles-mêmes dans la progression de leur propre carrière. Ces derniers mois auraient, principalement, servis à créer du lobbying autour des 4 piliers de la Charte de la diversité des genres. Face au vide juridique, ce moyen représentant la seule arme contre l’inégalité du genre pour l’instant. L’effort aura conduit à faire adhérer pas moins de 124 entreprises marocaines notamment par le biais de la CGEM. «A titre d’exemple, Barid Bank vient de signer ce texte le 18 mars 2024. Le nouvel établissement bancaire, qui compte 44% de femmes dans son effectif global, s’engage à respecter ses 4 principes : la mixité dans le recrutement, l’équité de rémunération, la mixité du management et enfin la mixité du conseil d’administration», déclarent les membres du collectif.
L’effort associatif est déterminant. Il a été associé aux travaux de recommandations liés à la réforme de la Moudawana… Le message de la plus Haute Autorité à rétablir l’équilibre égalitaire est on ne peut plus clair. La sensibilisation, le lobbying et la formation devront faciliter la mise en oeuvre future… Les femmes marocaines sont en attentes.

C’est le titre de la boite

Verbatim

Najat Vallaud-Belkacem

«C’est partout pareil. En France l’écart de rémunération entre les femmes et les hommes est de 27%. Au Maroc la femme est confrontée au poids de la culture et finalement son surinvestissement pour obtenir des postes de responsabilité la fait souffrir au final».

Maxime Ruszniewski

«Le mot que j’associe à cette inégalité des genres est gâchis. Les filles sont meilleures statistiquement parlant compte tenu des diplômes mais finalement les chefs d’entreprises disent qu’il n’y a pas de vivier !»