Le Monde arabe est désormais seul. Les attentats terroristes du 11 septembre et l’implication de nombreux musulmans dans ces attentats, l’absence de démocratie dans la plupart des pays arabo-musulmans et l’illégitimité de la plupart de leurs dirigeants ont énormément participé au développement de l’amalgame qui règne entre Islam et terrorisme. Lors d’une réunion ministérielle de l’Organisation de la Conférence islamique (OCI), tenue mardi, en marge du débat de l’Assemblée générale de l’ONU à New York, le ministre des Affaires étrangères et de la coopération, Mohamed Benaissa, a réitéré la nécessité d’activer l’action commune de cette organisation pour faire valoir l’image réelle de l’Islam à travers le monde et de lever toutes les allégations tendancieuses que certains essaient de coller à la religion musulmane qui prêche la tolérance et la coexistence pacifique. Passant en revue les différents points inscrits à l’ordre du jour de cette réunion annuelle, M. Benaissa a mis en exergue la conjoncture actuelle que traverse la Oumma islamique et qui exige l’efficacité dans l’action pour relever les défis qui se posent. En effet, partout dans le monde arabe, les problèmes politiques, économiques et sociaux prennent le dessus sur les questions portant sur l’avenir. Devenu un fief du terrorisme, même des pays comme le Maroc, l’Arabie saoudite ou la Jordanie sont dans l’obligation, à présent, de redoubler d’efforts pour éradiquer ce fléau. Mais face à une conjoncture internationale hostile, il semble que ces efforts se heurtent à d’énormes difficultés. L’impasse dans laquelle se trouvent les négociations israélo-palestiniennes et le parti-pris injuste des Etats-Unis d’Amérique en faveur de l’Etat hébreux constituent un des éléments qui alimente la violence dans cette région. Abondant dans ce même sens, M. Benaissa a fait état des circonstances critiques que connaît la question palestinienne à la lumière des décisions israéliennes injustes à l’égard du peuple palestinien dont la toute dernière est celle de bannir son Président Yasser Arafat démocratiquement élu. M. Benaissa n’a pas manqué, à cet égard, de rappeler la vive préoccupation de SM Mohammed VI vis-à-vis de cette décision inique ainsi que l’appel du Souverain d’oeuvrer pour faire régner la sagesse, la modération et le dialogue tout en réitérant la disponibilité du Royaume à poursuivre ses efforts pour appliquer la «Feuille de route» visant l’établissement d’un Etat palestinien indépendant et souverain vivant côte à côte avec l’Etat israélien de façon à réaliser une paix juste, globale et durable dans la région.Autre question non moins complexe et importante : l’invasion de l’Irak par les USA et la Grande-Bretagne porte un coup dur à la crédibilité de la Communauté internationale et au discours prôné par les grandes puissances au sujet de la paix mondiale et du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. Evoquant les derniers événements survenus en Irak ainsi que les circonstances que connaît actuellement ce peuple, du fait de la guerre qui sévit, le ministre marocain a appelé à aider ce pays à dépasser la tragédie de l’occupation. Il a à ce sujet émis l’espoir que l’Irak puisse recouvrir le plus rapidement possible son rôle au sein de son environnement arabe et islamique, établir ses institutions politiques de façon à lui permettre de recouvrir sa souveraineté entière sur ses territoires et de décider librement de son propre destin dans le cadre de son intégrité territoriale, la sécurité et la stabilité du peuple irakien. Parlant des réformes des Nations Unies, il s’est dit satisfait des réalisations accomplies par le secrétaire général en vue de moderniser les organes de l’ONU et de rationaliser leurs méthodes de travail. Pour ce qui est des solutions à envisager pour surmonter les obstacles qui se dressent devant le monde arabo-musulman, M. Benaissa a jugé nécessaire de rappeler l’initiative prise par le Maroc de convoquer une conférence de haut niveau sur la coopération sud-sud à Marrakech, du 16 au 19 décembre prochain, pour renforcer la coopération et consolider la solidarité entre les pays en développement dont les Etats membres de l’OCI. Une occasion de plus pour rattraper le retard et exprimer la volonté d’aller de l’avant dans la consolidation des liens entre les pays du Sud. Ou du moins pour faire entendre leurs voix.