La réaction officielle est sortie. Le gouvernement marocain, par le biais d’un communiqué du conseil de gouvernement réuni jeudi, vient d’appeler les autorités espagnoles à « se conformer aux dispositions et normes du droit international et à ne procéder à aucune modification de manière unilatérale des données actuelles relatives aux espaces maritimes dans la région».
Traduction, il s’agit de la première sortie officielle du gouvernement sur la question de l’approbation, le 21 décembre, par le Conseil des ministres espagnol d’un décret autorisant la société Repsol à procéder à l’exploration pétrolière dans une zone maritime située entre les îles Canaries, et plus précisément les îles de Fuerte Ventura et Lanzarote, et les côtes marocaines au niveau de la région de Tarfaya. Le gouvernement marocain, qui se réserve dans l’attente de connaître précisément «le contenu de ce décret et l’étendue de la zone maritime concernée par cette prospection, et surtout de savoir si ce permis concernera l’espace maritime au-delà des eaux territoriales des îles Canaries», invite les autorités espagnoles à demeurer fidèles à leurs «précédents engagements» et à se conformer avec « les dispositions de la lettre et de l’esprit de l’accord de coopération et de bon voisinage conclu entre les deux pays ainsi que des traités bilatéraux ».
Un rappel à l’ordre en langage diplomatique qui souligne la nécessité pour l’Espagne de « respecter le droit et les usages internationaux ». Les textes à ce niveau stipulent « la non-délimitation maritime de manière unilatérale entre les pays dont les côtes font face ou sont contiguës». Cette délimitation, rappelle le communiqué du gouvernement «doit se faire d’un commun accord entre les deux parties sur la base des principes du droit international en vue de parvenir à une solution équitable pour toutes les parties et prenant en considération les spécificités et les caractéristiques de chaque région ».
Dans l’attente de clarification du gouvernement espagnol, cette nouvelle divergence vient alimenter le climat tendu entre Rabat et Madrid qui avait entraîné le rappel, le 28 octobre dernier, de l’ambassadeur du Maroc en Espagne pour consultations.
Une récente visite au Maroc du chef de file des socialistes espagnols, Jose Luis Rodriguez Zapatero, à l’invitation de l’USFP, avait permis de clarifier quelque peu l’horizon des relations bilatérales maroco-espagnoles.
Les positions du gouvernement de Jose Maria Aznar sur les dossiers de la pêche, de l’immigration clandestine, ainsi que sur la question de l’intégrité territoriale du Royaume, continuent de faire souffler un vent de discorde entre les deux capitales.