Le siècle passé a connu des conquêtes très importantes et diversifiées des ressources énergétiques, d’abord avec des mines de charbon, puis avec le pétrole, et enfin avec le gaz naturel, le nucléaire et les énergies renouvelables.
Aujourd’hui, 2 milliards environ d’êtres humains n’ont pas encore accès à l’énergie. Or, l’énergie est indispensable au bien-être des individus. C’est aussi un levier de développement des nations.
Le Maroc ne dispose pas actuellement de réserves d’énergies fossiles, contrairement à d’autres pays voisins dont le sous-sol regorge de promesses avérées.
En conséquence, l’efficacité énergétique devra être une préoccupation majeure, de nos pouvoirs publics en raison des risques de la sécurité d’approvisionnement et de l’équilibre de la balance commerciale.
Les pratiques de l’efficacité énergétique sont généralement, dans une première étape, sous forme de sensibilisation à des comportements plus économes en énergie (spots publicitaires, médiatisation…).
Ces impératifs devraient conduire notre industrie, notre transport et notre agriculture à diversifier ces ressources énergétiques tout en réduisant, du coup, leurs charges d’exploitation.
Cependant, l’efficacité énergétique dépend de la diffusion des technologies très compétitives, nécessitant des investissements relativement élevés et ne seront mises en œuvre sur le marché que si les prix de l’énergie sont suffisamment hauts pour couvrir le coût. Dans cette perspective, le fait que l’énergie fossile à bas prix soit à jamais révolue est paradoxalement un atout.
Dès lors, une plus grande efficacité énergétique ne peut être promue que dans un contexte où l’Etat et des régulateurs impartiaux doivent intervenir et où trois conditions sont remplies telles qu’elles sont définies d’une manière exhaustive par les instances mondiales de l’énergie :
– Les prix doivent être au «bon» niveau en intégrant tous les coûts. Les subventions doivent être éliminées et les coûts externes identifiés et pris en compte, soit explicitement (par la taxation notamment), soit implicitement (par exemple par la réglementation) ; – Les prix doivent être effectivement payés afin qu’ils puissent tenir leur rôle d’indicateurs dans la décision d’investissement. Les consommateurs d’énergie doivent être en mesure d’intervenir dans le choix des équipements.
– La technologie doit avoir pour but de baisser les coûts des services liés à l’énergie. Etant donnée le rôle joué par la Caisse de Compensation dans notre pays, et les biais qu’il introduit dans les mécanismes d’allocation efficaces de ressources, nous n’avons comme alternative que de stimuler par une politique volontariste, le développement des technologies d’efficacité énergétique. Il est en effet établi depuis le début des années 90 qu’aux plans économique et social, les politiques de soutien ne sauraient être efficaces et vertueuses que si elles sont Ciblées. Ceci est en particulier la recommandation du FMI lors de sa toute dernière évaluation de notre économie. Enfin, même sans changer le contexte d’ensemble des prix, une politique d’efficacité énergétique à l’instar de plusieurs pays développés (Etats-Unis, France) et de certains pays émergents (Tunisie par ex), doit être promue pour corriger les biais du marché. Les indicateurs d’efficacité énergétiques contribueront à la définition d’une politique de croissance, soit en augmentant la productivité marginale de l’énergie, soit avec la même quantité d’énergie, en accroissant le bien-être économique et la protection de l’environnement. Toute orientation stratégique emprunte à la philosophie un espace-temps distinct de celui sur lequel s’exerce la dictature du court terme.
"Toute société qui n’est pas éclairée par des philosophes est trompée par des charlatans…" , Voltaire.
• Par My Abdallah Alaoui
Président de la Fédération de l’Énergie