Société

Préserver le thuya de Berberie

La ville d’Essaouira a accueilli jeudi et vendredi derniers un colloque national sur le thuya de Berberie (Tetraclinis  Articula-Vahl-Mast), qui occupe une place prépondérante  dans le développement de l’artisanat de la ville, célèbre, depuis le début du XXe siècle, pour ses travaux de marqueterie et d’ébénisterie. Les travaux de ce colloque, placé sous le Haut patronage de SM le Roi Mohammed VI, ont été ouverts par le ministre de l’Artisanat et de l’Economie sociale, Moulay M’hamed El Khalifa. Avec 607.900 hectares de bois de thuya, le Maroc dispose d’environ 80 % des réserves forestières mondiales, devant l’Algérie (143.000 ha) et la Tunisie (30.000 hectares).
Le travail du bois constitue une opération économique importante de la ville, aussi bien par le nombre de personnes qui le pratiquent que par l’importance des recettes qu’il engendre.
La principale matière première utilisée dans cette activité est le bois de thuya, constitué de souches mortes et de madriers façonnés à partir de troncs secs. Cette essence, connue sous le nom de «aâraâr», couvre, dans la province d’Essaouira, une superficie de 96.521 hectares et se place en deuxième position  après l’arganier. Malgré cela, la majorité de la matière première provient notamment de Khemisset (50.335 ha))et de la région d’Oujda (146.000 ha). Les forêts d’Essaouira n’arrivent plus à subvenir aux besoins des artisans-marqueteurs. La forêt de thuya, qui occupe 35% du domaine forestier dans la province, subit, en effet, une forte pression et connaît par conséquent un recul. Et, récemment, il a été procédé à une opération de reboisement de 3.200 plants de thuya, qui ne seront exploités que dans 120 ans. La parcelle qui vient d’être reboisée est profondément touchée par les coupes sauvages, une surexploitation abusive et les années de sécheresse successives qui ont affecté cette région.
Selon une étude de la Direction de la conservation du patrimoine, relevant du ministère de l’Artisanat et de l’Economie sociale, le secteur du bois de thuya représente 75% de l’activité artisanale de la ville qui regroupe quelque 6.740 artisans, dont le revenu mensuel moyen se situe aux environs de 2.500 dirhams.  Ces derniers sont répartis entre entreprises individuelles (37%), salariés (21%) et 2 ou 3 artisans au sein d’un même atelier (42%). L’artisanat à base de bois d’œuvre, un vecteur de croissance économique et social de la ville, consomme quelque 392 madriers par jour et 16,75 tonnes/j de souches de thuya. L’étude note que 26% des madriers consommés sont d’origine  illicite, les coopératives couvrant seulement 7% des besoins des artisans, qui sont encore mal organisés.
Le recours par certains artisans à l’utilisation de matières premières
provenant du circuit parallèle et clandestin non réglementé entraîne une mauvaise qualité du bois vivant (non séché selon les normes). Cet aspect accentue indirectement la détérioration du secteur qui fait déjà appel à des artisans non qualifiés, pour la plupart chômeurs.

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