Hausse des décès dans les établissements pénitentiaires
La capacité d’accueil globale des prisons a atteint plus de 169.000 mètres carrés en 2021, contre 120.780 mètres carrés en 2013, soit une augmentation de 40%. La superficie consacrée à chaque détenu est ainsi passée de 1.67 m² à 2 m². Quant au budget alloué à l’alimentation de chaque détenu, celui-ci est passé de 12 à 23 dirhams, soit une augmentation de 92%. C’est ce qui ressort du rapport sur la situation des prisons au Maroc mené par le Centre d’études en droits humains et démocratie (CEDHD) et le Centre pour la gouvernance du secteur de la sécurité (DCAF). Concernant la surpopulation des prisons, le rapport mentionne que celle-ci peut atteindre 44 à 75% selon les établissements. Parmi les 77 établissements pénitentiaires que compte le Maroc, seulement 18 ne dépassent pas leur capacité d’accueil.
Notons que 17 établissements pénitentiaires ont un taux d’occupation qui se situe entre 101% et 150% ; 13 ont un taux d’occupation qui se situe entre 151% et 200% ; 19 établissements ont un taux d’occupation qui varie entre 201% et 250%, 9 ont un taux d’occupation qui se situe entre 251% et 300%. Signalons qu’un établissement pénitentiaire a un taux d’occupation qui dépasse 300%. Par ailleurs, la durée moyenne de détention est passée de 8,43 mois en 2015 à 9,21 mois en 2019. Le surpeuplement carcéral figure parmi les problèmes chroniques dont souffrent les prisons marocaines et qui impacte de manière importante la qualité des prestations sanitaires. Il résulte essentiellement de l’augmentation continue du nombre de la population carcérale qui est passé de 74.039 à 86.384 entre 2015 et 2019, soit un taux d’accroissement de 16,67%. En 2019, le Maroc a enregistré un taux d’incarcération de 0,23%, un ratio qui reste parmi les plus élevés au monde. Le rapport pointe du doigt le recours accru à la détention provisoire. Le taux des détenus prévenus est passé de 39% en 2019 à 45,2% en 2020. Avec une moyenne de 40,04% de détenus à titre préventif pour la période 2015-2019, la détention provisoire est une exception qui au Maroc tendrait, selon la DGAPR, à devenir la règle générale. On note une nette prépondérance pour les peines inférieures à deux ans qui représentent 66% des condamnations. Cette catégorie de détenus est souvent constituée de récidivistes, poursuivis pour des petits délits et sur qui l’emprisonnement n’a aucun effet.
213 décès enregistrés en 2020
Les cas de décès sont en hausse, Les statistiques font état de 213 décès en 2020 contre 169 en 2019. La plupart de ces décès ont eu lieu dans les hôpitaux (entre 71% et 78%), alors que ceux qui sont survenus à l’intérieur des prisons et des infirmeries pénitentiaires ont varié entre 11% et 15% au cours des années 2017-2019. Tous ces cas ont été soumis aux procédures prévues par la loi, notamment la notification du ministère public, sous le contrôle duquel une autopsie médicale a été pratiquée par des médecins spécialisés. Les causes possibles et les motifs des cas de décès différent d’un cas à l’autre (répercussions de la grève de la faim, violences mutuelles entre détenus, suicide, maladies mentales et psychologiques…). Malgré les efforts entrepris ces dernières années, le rapport pointe du doigt les inégalités d’accès des détenus aux soins, vu les disparités entre les établissements pénitentiaires en termes d’infrastructure, d’équipement et de ressources humaines, et de collaboration avec les Directions régionales de la santé. L’amélioration de la couverture médicale des établissements pénitentiaires figure parmi les défis de la DGAPR. Un appel annuel pour le recrutement du personnel médical, paramédical et des psychologues est lancé. Malgré les recrutements annuels, l’encadrement sanitaire ne s’est pas amélioré à cause des départs des médecins (retraites, démissions, mises en disponibilité). L’année 2020 a été marquée par le départ de 13 médecins. Notons qu’au premier semestre 2021, il a été procédé au recrutement de 64 professionnels de santé (8 médecins, 2 chirurgiens-dentistes, 50 infirmiers et 4 psychologues) contre 44 en 2020. Actuellement le personnel médical, paramédical et psychosocial dans les établissements pénitentiaires se chiffre à 784.














