Comment offrir une part du gâteau aux détenteurs des secrets de la médecine traditionnelle largement utilisée par les laboratoires pharmaceutiques dans leurs médicaments et autres produits dérivés ? Cette délicate question figure à l’agenda chargé du Sommet mondial sur le développement durable.
Cas révélateur, celui des San, un peuple nomade d’Afrique australe, qui utilisent depuis toujours le cactus hoodia dont le jus et la pulpe leur permettent de couper la sensation de faim et de soif lorsqu’ils partent chasser dans le désert.
Une bataille juridique oppose cette peuplade au géant américain de l’industrie pharmaceutique Pfizer et à un laboratoire sud-africain qui comptent exploiter les vertus du hoodia pour un médicament coupe-faim, mais sans en avoir prévenu les San qui ont fait connaître ce cactus.
Cet exemple n’est qu’un des nombreux cas qui vont être évoqués au cours du sommet sur les difficultés que les peuples indigènes rencontrent lorsqu’ils tentent d’obtenir des dividendes des procédés de médecine qu’ils utilisent depuis des générations. L’affaire des San a commencé quand les chercheurs du Conseil pour la recherche scientifique et industrielle, un laboratoire sud-africain en partie financé par le gouvernement, a déposé le brevet pour le P27, un coupe-faim dérivé du hoodia.
Le laboratoire a ensuite accordé une licence à une petite société pharmaceutique britannique, qui a expliqué que le clan San avait sous-loué le brevet à Pfizer.
Finalement, les San, qui avaient été déplacés par le gouvernement de l’apartheid, étaient bien en vie et ont découvert l’affaire. Après une bataille juridique, ils ont trouvé un accord sur les droits.
Si le médicament était commercialisé, les droits des San pourraient être importants et seraient distribués à la communauté et pas aux individus, a précisé, leur avocat. Les remèdes traditionnels ont grandement contribué à la médecine moderne. Selon certaines études, plus d’un quart des médicaments actuels proviennent de plantes et parmi eux, nombreux viennent de la médecine traditionnelle.