Compte tenu des aléas climatiques, le recours au dessalement de l’eau de mer doit être étudié parmi les solutions proposées pour assurer et sécuriser l’alimentation en eau potable, industrielle et touristique pour Fès-Meknès.
La Direction de la recherche et la planification de l’eau relevant du ministère de l’équipement et de l’eau a lancé un appel d’offres portant sur l’élaboration de l’étude de mise en place d’un projet d’alimentation en eau dessalée pour Fès-Meknès. D’un coût de plus de 1,9 million DH (1.920.000 DH), cette étude a pour objectif d’établir les bilans besoins-ressources en eau potable, industrielle et touristique, afin de déterminer la capacité d’eau potable nécessaire et son évolution pour la desserte de la zone Fès-Meknès. Cette étude permettra d’évaluer des potentialités de sécurisation de la demande en eau potable à partir d’une interconnexion des barrages, de déterminer la faisabilité de l’extension ou de l’augmentation de la capacité d’une station de dessalement existante ou programmée (notamment celle de Rabat). L’étude vise également à évaluer la possibilité de réaliser une nouvelle station de dessalement de l’eau de mer pour répondre aux besoins en eau potable, industrielle et touristique des pôles de Fès et Meknès. Dans le cas où le dessalement est retenu comme variante optimale, le mode de gestion intégré devra être précisé et le fonctionnement optimal du projet de dessalement de l’eau de mer pour s’intégrer parfaitement dans le système de mobilisation des ressources en eau et d’approvisionnement en eau existant. Il est à noter que l’alimentation en eau potable au niveau du Bassin hydraulique de Sebou est basée principalement sur les eaux souterraines, avec des ressources exploitables évaluées à environ 1,11 milliard de mètres cubes par an, ce qui représente environ 28% du potentiel exploitable global en eau souterraine au Maroc. Les nappes de ce bassin subissent des contraintes de plus en plus fortes en raison des sécheresses récurrentes et du développement socio-économique, notamment de l’agriculture. La majorité de ces nappes sont surexploitées, notamment le système aquifère de Fès-Meknès, qui représente environ 50% du déficit global entre l’offre et la demande en ressources souterraines du bassin, avec un déficit de 136,9 Mm3/an en 2018. Et par conséquent, la nappe de Fès-Meknès risque de ne plus pouvoir sécuriser les besoins futurs en eau potable, industrielle et touristique, étant donné les aléas climatiques. A cet effet, et en addition aux aménagements programmés et en cours de réalisation, notamment les adductions d’alimentation des systèmes de Fès et Meknès à partir du barrage d’Idriss 1er, le recours au dessalement de l’eau de mer doit être étudié parmi les solutions proposées pour assurer et sécuriser l’alimentation en eau potable, industrielle et touristique (AEPIT) des grands pôles consommateurs de l’eau, à savoir les zones Fès, Meknès et centres liés, en cas de saturation des ressources en eau conventionnelles. Rappelons que la politique de l’eau au Maroc repose sur trois leviers majeurs, à savoir l’accélération du rythme de réalisation des projets de mobilisation des ressources en eau conventionnelles, le développement des ressources en eau non conventionnelles telles que le dessalement de l’eau de mer et la déminéralisation des eaux saumâtres, ainsi que l’économie de l’eau, l’efficacité hydraulique et la préservation des eaux souterraines. L’extension du parc de stations de dessalement de l’eau de mer au Maroc a permis de passer à une capacité de production de 192 millions de m3 par an avec 15 stations opérationnelles, renforçant ainsi l’approvisionnement en eau potable, industrielle et pour l’irrigation. La construction de la plus grande station de dessalement de l’eau de mer en Afrique permettra de renforcer l’approvisionnement en eau potable de la ville de Casablanca et l’irrigation de 5.000 hectares de terres agricoles. Cette usine, dont la première phase sera opérationnelle en 2026, aura une capacité de production à terme de 300 millions de m3 par an. Le programme de dessalement adopté par le Maroc lui permettra d’atteindre une capacité de production annuelle totale de plus de 1.700 millions de m3 d’eau de mer dessalée d’ici 2030 et de 1.980 millions de m3 d’ici 2045.