Un nouveau mode d’intervention territoriale en gestation
Attractivité
Le monde rural constitue 90% de la superficie du Royaume et abrite moins de 40% de la population nationale contre plus de 60% de la population urbaine. Ce gap est dû au manque d’attractivité du monde rural en raison du manque d’opportunités. Une situation actuellement exacerbée par les changements climatiques et la rareté des ressources en eau.
Encourager le développement rural et participer à sa valorisation à travers la promotion d’une planification intégrée qui favorise la création d’opportunités économiques en faveur de l’insertion de tous et qui intègre les différents défis liés au développement social et à la protection de l’environnement en vue de rehausser la qualité du cadre de vie dans les zones rurales. Ce sont quelques-uns des objectifs du département de l’aménagement du territoire et de l’urbanisme relevant du ministère de l’aménagement, du territoire national, de l’urbanisme, de l’habitat et de la politique de la ville qui vient de lancer un nouveau projet pour la réalisation d’éco-douars.
Cette étude concerne à ce stade trois provinces, à savoir Beni Mellal, Midelt et Chefchaouen. Cette démarche s’inscrit dans la promotion des éco-douars comme nouveaux modes d’intervention sur les territoires et de véritables projets de société basés sur des dispositifs de gouvernance participative. Elle s’aligne dans cette perspective sur une vision de développement durable liée à la réduction de l’empreinte environnementale, à la consolidation des liens sociaux et à la promotion d’une économie locale, responsable et solidaire. «Le Maroc considère la réduction des inégalités spatiales et sociales comme une condition sine qua non pour le développement et la prospérité des territoires, et ce, dans le cadre d’une approche inclusive où les opportunités doivent être équitablement partagées et les fruits de la croissance doivent bénéficier à tout le monde», explique le même département.
Sur le plan environnemental, il s’agit donc de réduire les empreintes environnementales et construire des espaces de vie plus respectueux de l’environnement, en préservant et valorisant la biodiversité, les sols, les milieux naturels et en encourageant l’agriculture biologique. Selon le département de l’aménagement du territoire national et de l’urbanisme, la finalité serait également d’assurer une utilisation rationnelle des ressources, notamment l’eau, à travers une gestion qualitative et une promotion des modes de recyclage et de réutilisation et promouvoir une gestion écologique des eaux usées. Cette initiative ambitionne aussi d’optimiser les besoins en énergie à travers la promotion des énergies renouvelables et la promotion du développement de constructions en matériaux locaux à énergie positive et les techniques de construction ancestrales et écologiques, de s’adapter aux effets des changements climatiques, participer à leur atténuation et renforcer la résilience face aux catastrophes en adaptant les aménagements aux risques naturels. L’objectif est également d’encourager la maîtrise et le tri des déchets produits et développer les filières de valorisation et de recyclage.
Sur le plan économique, le même département espère à travers ces projets d’éco-douars créer les conditions d’un développement local attractif, dynamique, équilibré, solidaire et équitable favorisant la création d’activités génératrices de revenus et d’emplois locaux mais aussi de valoriser les territoires ruraux à travers la promotion de l’écotourisme impliquant une participation active des populations locales. Il est également question de promouvoir et valoriser les produits issus de la chaîne du tissu associatif et des coopératives tout en faisant du numérique un outil d’inclusion économique et financière des populations rurales en leur donnant accès à l’information ainsi qu’à des méthodes et plateformes de commercialisation permettant une juste répartition de valeur.
L’objectif étant aussi d’attirer les investissements par des mesures incitatives pour encourager l’entrepreneuriat. Au niveau social, ce projet vise à offrir un cadre de vie viable, responsable, accessible, sécurisé, favorisant les solidarités et l’insertion de tous et proposer des services adaptés à travers des projets répondant aux différents besoins des populations en s’appuyant sur les ressources et les contraintes spécifiques du territoire.
A cela s’ajoute l’amélioration des conditions de vie de la population, notamment en termes d’indicateurs d’enseignement et de santé tout en s’appuyant sur le numérique pour un accès équitable aux services de base et à l’information. Cette initiative ambitionne également de créer les conditions nécessaires au développement d’activités sociales et culturelles et développer la croissance et l’efficacité économiques à travers des modes de production et de consommation durables. Pour ce qui est de l’aspect urbanistique de ces projets, il consiste à adapter les outils d’aménagement aux spécificités des zones rurales et proposer des améliorations de la réglementation de l’urbanisme dans le milieu rural.
Dans le même sens, il s’agit de renforcer la résilience des territoires face aux catastrophes naturelles, de mettre en œuvre une qualité architecturale, urbaine et paysagère qui préserve les identités locales, de mettre en valeur les espaces publics en tant qu’espaces de cohésion sociale et d’échanges et de prendre en compte l’approche genre et les spécificités locales dans les aménagements pour garantir une réponse aux besoins de tous et une utilisation optimale de la part des populations. Il est également question de repenser la desserte des services et équipements publics pour permettre un accès équitable aux services et offrir des infrastructures publiques de qualité.
A cela s’ajoute le traitement de la ressource foncière comme une ressource précieuse qu’il convient d’utiliser le plus efficacement possible en préservant les terres agricoles fertiles et encourageant l’agriculture solidaire et familiale dans une optique de résilience et de durabilité.
