Mesures : Trois associations appellent à la mise en œuvre de mesures urgentes pour lutter efficacement contre les violences basées sur le genre facilitées par la technologie.
Médias et Cultures (AMC), l’Association démocratique des femmes du Maroc (ADFM) et Kif Mama Kif Baba lancent un plaidoyer national contre les violences basées sur le genre facilitées par la technologie. Ces trois associations appellent à une réforme profonde des cadres juridiques et institutionnels basée sur une approche globale et concertée, dans l’objectif de lutter efficacement contre ce fléau qui prend des proportions alarmantes.
En effet, l’essor des technologies numériques au Maroc, accéléré par la pandémie de la Covid-19 et couplé à l’usage massif des réseaux sociaux, a transformé les interactions sociales tout en ouvrant la voie à de nouvelles formes de violences fondées sur le genre. Une étude menée en 2019 par le Haut-Commissariat au Plan (HCP) avait révélé que près de 1,5 million de femmes au Maroc ont déjà été victimes de violence numérique, soit un taux de prévalence de 14%. Dans un communiqué conjoint, les trois associations notent que la violence numérique génère des conséquences sociales, professionnelles et juridiques graves, poussant les survivantes à se retirer d’un espace numérique devenu central pour l’apprentissage, l’accès à l’emploi et l’engagement citoyen. Ces violences freinent les efforts pour atteindre l’égalité entre les sexes. Ces attaques génèrent également un fardeau psychologique immense : anxiété, dépression, perte d’estime de soi et mènent souvent au suicide.
L’un des principaux dangers des violences sexistes en ligne est de voir les auteurs passer à l’acte. Sur le plan juridique, le Maroc dispose d’un arsenal contre la violence numérique (code pénal tel que complété par la loi 103-13,loi n° 05-20 sur la cybersécurité et même des dispositions constitutionnelles). Le Royaume a aussi ratifié plusieurs conventions internationales, notamment la Convention de Budapest sur la cybercriminalité et la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes (CEDEF). Malgré cet arsenal juridique, l’absence de définition claire de la violence numérique et la persistance de lois liberticides limitent gravement l’accès des victimes à la justice.
Ces ambiguïtés et contradictions juridiques entre les textes qui protègent et ceux qui punissent les victimes entravent les actions en justice et la protection effective des survivantes. Les trois associations appellent à la mise en œuvre de mesures concrètes pour lutter efficacement contre les violences basées sur le genre facilitées par la technologie. Pour faire face à ce phénomène, elles recommandent de définir et intégrer spécifiquement ces violences dans la réforme du code pénal en prévoyant des peines dissuasives et en abrogeant les textes liberticides. Les trois ONG suggèrent de mener des études nationales qualitatives et quantitatives régulières pour documenter l’ampleur, l’impact des violences numériques sur la vie privée, la santé mentale, la participation sociale et politique des femmes, les formes et l’évolution de ce phénomène afin d’orienter les politiques publiques. Des mécanismes de recours et de plainte accessibles, sécurisés et adaptés pour toutes les victimes, en ligne et hors ligne doivent être mis en place. Enfin, il est important d’impliquer les acteurs de la technologie pour développer des outils de prévention, de modération et de protection efficaces.













