Société

Quand piratage rime avec terrorisme

© D.R

Depuis une semaine environ, les forces de l’ordre marocaines ont procédé à l’arrestation de plusieurs jeunes individus, à Tétouan Casablanca, Sidi Slimane et d’autres villes du Maroc pour avoir diffuser des VCD et cassettes VHS piratés. Il ne s’agit pas de défendre les droits d’auteurs des derniers films hollywoodiens ou des dernières productions artistiques comme pourraient le croire certains, mais bien de VCD et cassettes VHS dont les acteurs et les producteurs ne se soucient guère du tout du copyright. En fait, les jeunes mis en causes sont poursuivis dans le cadre de la loi antiterroriste.
On leur reproche d’avoir téléchargé, gravé, enregistré puis mis en vente et à la location des scènes où des otages étrangers se font égorgés par des terroristes irakiens. L’information a été rendue publique par un député istiqlalien de Sidi Slimane, Driss Daouaji.
Celui-ci en a informé la Chambre des représentants à la fin de la séance des questions orales, mercredi dernier, conformément à l’article 128 du règlement intérieur. Cette disposition permet à un député de soulever une question urgente qui n’a pas été précédemment programmée à l’ordre du jour des questions orales. En effet, plus d’une dizaine de jeunes sont ainsi concernés par cette affaire. A Tétouan et à Casablanca, le nombre des arrestations a été encore plus important. D’ailleurs, une première vague de détenus ont été déférés, mercredi, devant le juge d’instruction de la Cour d’appel de Rabat. Car conformément à la loi antiterroriste, adoptée à l’unanimité par le Parlement au lendemain des attentats meurtriers du 16 mai à Casablanca, c’est la Cour d’appel de la capitale qui est compétente en matière de terrorisme. En tout cas, ces arrestations ont été sévèrement critiquées. « Comment peut-on poursuivre de jeunes personnes alors qu’ils n’ont fait que consulter des images, certes abominables ». C’est toute la question de la responsabilité en matière de téléchargement d’images ou d’informations interdites.
Sur ce point, les mécontents disent que les images téléchargées puis vendues ont fait l’objet de diffusion sur les plus grandes chaînes internationales. Et même leur diffusion au Maroc ne doit nullement être considérée comme un encouragement au terrorisme. « Les preneurs d’otages en Irak n’ont pas eu besoin de notre bénédiction pour exécuter leurs victimes ».
Aussi, force est de constater que les jeunes mis en cause n’ont jamais eu aucun lien avec une mouvance islamiste. Toutefois, certains VCD comportent des scènes obscènes qui montrent les atrocités commises par des soldats américains à l’encontre des prisonniers irakiens. Selon des sources bien informées, ces scènes sont véhiculées par des milieux islamistes pour chauffer à blanc les esprits de certains jeunes. « Voilà ce que font les Américains aux islamistes irakiens », martèlent les groupuscules. En tout cas, aussi condamnables qu’ils soient, le téléchargement de ces images et leur diffusion dans les rangs de la jeunesse marocaine ne devraient pas tomber sous le coup de la loi antiterroriste. C’est le principal message que le député Daouaji a voulu transmettre.

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