Société

Qui a peur des députés MRE ?

© D.R

Dans un discours fondateur et très attendu prononcé le 6 novembre 2005 lors d’un anniversaire porteur de sens (la Marche Verte), le Chef de l’Etat, garant de la Constitution, a répondu à une  ancienne revendication de MRE en leur permettant d’accéder enfin à la citoyenneté par le biais d’une représentation à la 1ère Chambre de notre Parlement d’une part, et au Haut Conseil des Marocains de l’étranger d’autre part. La décision du Souverain ne pouvait susciter que joie et réconfort auprès des Marocains du monde qui ont senti qu’enfin, ils allaient pouvoir rejoindre une autre «Marche», celle, cette fois-ci, de la participation à la gestion de la chose publique.
En nous permettant de recouvrer nos droits constitutionnels, le Chef de l’Etat, seul force de propositions politiques, visible et perceptible pour nous, Marocains d’ailleurs, s’est placé dans une logique réformatice qui, au-delà de la réparation des injustices, aspire à ancrer notre pays, comme Etat de droit, dans la voie irrévocable de la modernité. C’est ainsi qu’il convient de lire la réforme du Code du statut personnel dont le but est d’intégrer plus de la moitié (les femmes) de la population de notre pays dans le processus du développement national. N’avons-nous pas été le premier pays arabe à oser une réconciliation pacifique avec notre passé, pourtant miné par des pratiques condamnables ? N’avons-nous pas ainsi pu enfin mettre à jour notre dispositif pénal, en y intégrant la cirminalisation de la torture ?
N’avons-nous pas compris enfin que le Maroc n’a ni pétrole ni gaz naturel, mais seulement des femmes et des hommes, mais que ceux-ci suffisent, une fois formés et motivés, pour faire de l’ombre à certains de nos voisins européens à l’ère de la mondialisation ? C’est ainsi que nous avons compris le rapport ayant fait, sans concession aucune, l’état des lieux de 50 ans d’absence de politique de développement humain, traçant pour la première fois les grandes lignes de ce que peut être un éventuel plan de mise en valeur de nos ressources humaines. Ne sommes- nous pas capables de faire mieux que l’Inde qui a pu, grâce à une politique réfléchie et volontariste, et en l’espace d’une décennie, accéder au rang de premier fabricant de neurones au monde, malgré sa pauverté chronique, et sans remettre en cause son statut de plus grande démocratie au monde ?
Ce développement humain sera hors de notre portée si nos campagnes restent moins humaines que nos villes, et tant que nous acceptons d’envoyer nos petites campagnardes tisser ou traire, au motif que le collège est à quelques kilomètres du douar. N’est-ce pas là le sens des Dar Ataliba (maisons de l’étudiante) dont la fonction première est de permettre à nos filles rurales de réduire les distances qui les séparent du savoir, de l’égalité des chances et d’accéder à plus d’humanité …
C’est ainsi que nous, Marocains du monde, avons perçu le sens des ces grandes réformes fondatrices lancées à l’initiative du Chef de l’Etat, qui a fait appel à nous pour que nous puissions assumer notre responsabilité comme force vive, nous aussi, de la nation. Pourquoi notre pays se priverait-il d’un vivier de cervaux qui connaissent mieux le pays d’accueil que nos diplomates ? Pourquoi se priverait-il de compétences formées qui ne demandent qu’à rendre service à leur pays, si celui-ci le leur demande ? Pourquoi notre Parlement se priverait-il d’orateurs rompus à l’art du vrai débat politique qui n’ont ni froid aux yeux ni la langue dans leur poche, de citoyens ayant appris dans les pays d’accueil à avoir une haute opinion de la suprématie de l’intérêt public, et qui sont  ni achetables ni corruptibles ?
Ainsi se définit à notre sens la configuration de notre paysage politique, un Souverain volontariste, seul et unique force de propositions politiques véritables, et une diaspora marocaine à l’écoute de cette brise, ô combien douce d’une ère nouvelle, et ayant les moyens de décoder avec plus d’aisance le sens de ces grandes réformes. Et entre les deux, un néant qui ne dit pas son nom, des partis politiques apathiques, incapables de se renouveler, revendiquant la démocratie et la refusant au sein de leurs propres rangs, des partis politiques qui ont négocié le seuil, la liste, et d’autres choses encore …. sauf notre participation au débat politique national et à la gestion de la chose publique. Auraient-ils peur de nos élus ? Ou est-ce une tentative d’exclure toute force capable de formuler de vraies propositions politiques ?

Elhousseine GOUAINI
Interprète de conférence, membre
de l’association internationale des interprètes de Conférence (AIIC)
Traducteur-interprète expert près la Cour d’appel de Versailles


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