Un avion de la RAM, de type Boeing 737-700, nouvelle génération, a fait l’objet à ce qui ressemble à une opération de sabotage. Une main visiblement malintentionnée a sectionné des câblages électriques ainsi qu’une durit se trouvant à l’intérieur du réservoir de l’appareil qui était stationné dans le hangar de maintenance dépendant de la Zone industrielle de Royal Air Maroc (ZiRam) à l’aéroport Mohammed V à Casablanca.
Cette grave défaillance, selon un expert, est de nature à conduire à un court-circuit qui pourrait être fatal à l’avion et ses passagers. Cela donne froid dans le dos. C’est un technicien au sol qui a découvert cette action criminelle. Du coup, branle-bas de combat sur fond de fébrilité intense. L’affaire est trop sérieuse pour ne pas aviser les services de sécurité. Et ce n’est pas une équipe de simples enquêteurs à un niveau subalterne qui sera dépêchée.
Ce sont le chef de la sûreté nationale (DGSN) le général Hamidou Laânigri et le patron de la gendarmerie royale le général Housni Benslimane qui ont accouru, mercredi 15 février sur les lieux, soupçonnant un acte terroriste.
C’est ce jour-là qu’a eu lieu le changement du président de la RAM. Exit Mohamed Berrada qui sera remplacé par Driss Benhima. S’agit-il d’une simple coïncidence ou faut-il voir dans ce changement un lien avec le sabotage de l’avion? Black-out total du côté des responsables de la RAM et de l’ONDA (Office national des aéroports). Même ceux qui sont censés être au fait des détails de cette histoire obscure prétendent ne pas être au courant et observent de ce fait un silence courtois. C’est que l’affaire est trop sensible. On ne badine pas avec la sécurité. Les enquêteurs ne négligent aucune piste.
Un groupe de techniciens, les derniers à intervenir sur l’appareil saboté, ont été suspendus en attendant les conclusions de l’enquête. D’ores et déjà, une vingtaine de personnes dont des responsables de la direction technique (ZiRam) ont été interrogée. Mais pas de suspect(s) pour le moment. L’affaire est d’autant plus grave qu’il ne s’agit pas du premier acte de sabotage du genre. Il y a trois mois environ, un moteur d’un avion a été retrouvé endommagé dans la Ziram, précisément dans la zone de Snecma-Morocco Engine Services (Snecma). Là aussi, les investigations sont en cours. Il faut rappeler que le transporteur national a connu récemment une longue grève qui a duré plus de six mois des mécaniciens au sol affiliés au syndicat des techniciens aéronautiques du Maroc (STAM).
Certains cadres de la compagnie critiquent aujourd’hui sous le couvert de l’anonymat la manière dont ce conflit social a été géré par l’ancienne direction. “ Il fallait tout faire pour mettre rapidement fin au bras de fer qui s’est installé entre les deux parties, explique-t-on en substance. Au lieu de cela, on a joué le pourrissement du conflit avec tout ce que cela a entraîné comme manque à gagner pour la compagnie“. Les deux opérations de sabotage sont-elles le fruit d’une volonté de vengeance ou d’un plan terroriste ?
D’autres cadres soupçonnent, en effet, l’association des techniciens qu’ils qualifient de “repaire d’extrémistes“ allusion faite à la sympathie et activisme islamistes de certains de ses membres. “ C’est un lobby qui veut faire la loi, se considérant lésé dans ses droits alors que les autres, personnel naviguant notamment, jouissent de tous les privilèges“, indique un proche de l’ancienne direction.