ALM : Quelle lecture faites-vous du Discours royal du 20 août 2012 ?
Redouane Mrabet : Le discours royal a placé le système éducatif en tête des priorités nationales. L’éducation figure désormais parmi les dossiers les plus importants après celui du Sahara. Sa Majesté le Roi Mohammed VI a insisté sur la mise en place d’une nouvelle approche que nous devons concevoir. Il est aussi important de relever que dans son discours, le Souverain a placé l’étudiant au centre des préoccupations. A présent, un effort important doit être mené pour améliorer le travail de l’enseignant. Sans que disparaisse sa fonction de pourvoyeur de connaissance, l’enseignant est amené à interagir avec les étudiants.
Vous venez de lancer l’Université de l’éducation tout au long de la vie. En quoi consiste cette expérience pilote?
C’est une première pour notre Université. Ce projet a été lancé en septembre 2012 dans l’objectif de permettre à toute personne qui le désire de suivre diverses formations (langues , communication et informatique, culture générale et société, éducation à la santé, ingénierie de l’alphabétisation, management et coaching). Il n’y a pas de critère de sélection pour accéder à ces formations. Toute personne, abstraction faite de son âge, de ses diplômes peut s’inscrire et suivre ces formations. La personne inscrite a ainsi la possibilité de choisir plusieurs modules. Cela dit, il est important de noter qu’il s’agit de formation non diplômante.
Quant au montant, il faut compter 50 DH par heure pour des modules dont la durée varie de 20 à 40 heures. Les cours sont assurés par les enseignants de l’Université Mohammed V Souissi à la Faculté des sciences de l’éducation. Dans le cadre de ce projet, nous allons travailler pendant 3 ans avec un organisme international allemand «DVV». Cet organisme aura pour tâche de nous aider dans la mise en place de cette expérience pilote. Les modules débuteront dès le début du mois d’octobre. Une campagne de communication a d’ailleurs été lancée pour informer les citoyens.
Quelles sont les formations proposées pour la rentrée universitaire 2012-2013?
L’Université Mohammed V dispose de 5 Facultés (sciences de l’éducation, médecine et pharmacie, médecine dentaire, faculté des sciences juridiques, économiques et sociales Souissi et celle de Salé) et deux écoles (Ecole nationale supérieure d’Informatique et d’analyse des systèmes et l’École normale supérieure de l’enseignement technique). Pour cette année, nous avons prévu 12 licences professionnelles, 9 licences fondamentales et 34 Masters. Parmi les nouvelles spécialités, une licence professionnelle intitulée «L’éducation préscolaire» a été ouverte au sein de la Faculté des sciences de l’éducation (FSE).
Combien d’étudiants sont attendus pour la rentrée universitaire ?
L’Université accueillera pour la rentrée universitaire 10.000 nouveaux inscrits. Le nombre total des étudiants (toutes filières confondus) est établi à 27.000.
Nous avons diplômé 2.993 lauréats au 30/08/2012. Le plus grand nombre a été enregistré à la Faculté de droit de Souissi avec 990 lauréats et la Faculté de droit de Salé (742). Pour la Faculté de médecine et pharmacie, nous avons eu 443 lauréats. S’agissant des ingénieurs d’Etat, nous avons recensé 179 lauréats.
L’une des principales missions de l’Université est d’encourager la recherche. Quelles sont les actions menées dans ce sens ?
Les structures de recherche sont regroupés en trois pôles : Sciences de la vie et de la santé (Faculté de médecine et de pharmacie, Faculté de médecine dentaire), Sciences et techniques (École nationale supérieure d’informatique et d’analyse des systèmes et l’École normale supérieure de l’enseignement technique) et Sciences humaines et sociales (Faculté des sciences de l’éducation, Faculté des sciences juridiques, économiques et sociales de souissi, Faculté des sciences juridiques, économiques et sociales de Salé, Institut des études africaines, Institut des études et recherches pour l’arabisation, Institut universitaire pour la recherche scientifique). Le pôle sciences de la vie et de la santé est de loin le plus avancé avec plus de 500 publications dans des revues indexées cette année. Au niveau du pôle santé, 6 brevets ont été déposés à l’Office marocain de la propriété industrielle et commerciale (OMPIC) en 2012. Nous avons un projet en cours qui est le pôle biomédical. Ce projet, de plus de 50 millions de dirhams, s’articulera autour de trois axes : la biotechnologie, le générique et génomique et l’épidémiologie. L’inauguration de ce pôle aura lieu au premier semestre 2013. Une cinquantaine de projets de recherche d’un montant global de cinq millions de dirhams sont en cours de réalisation sur une durée de deux à trois années.
Qu’en est-il de la recherche au Maroc ?
La recherche dans notre pays se heurte à deux handicaps majeurs. Le premier a trait aux doctorants. Ces derniers ne sont malheureusement pas valorisés à leur juste valeur. Cela est perceptible notamment à travers les bourses octroyées qui restent pour le moins dérisoires. Le second obstacle est relatif aux procédures administratives qui sont trop lourdes. Ce qui a pour conséquence de retarder les projets de recherche.