Une cinquantaine de responsables du système d’enseignement étaient réunis, le week-end dernier à Rabat, à l’occasion d’une rencontre maroco-française pour évaluer la collaboration en matière d’appui à la réforme de l’enseignement supérieur marocain. Habib Malki était également présent. Le cadre se prêtait à merveille pour un bilan d’étape de la réforme. Tout ce beau monde partageait la même certitude: la réforme universitaire est définitivement sur les rails. Certes, ceci est un fait. Cette rentrée universitaire (2006-2007) a d’ailleurs été marquée par un nouveau tournant, celui du démarrage du cycle Master, deuxième étape de la mise en place du régime LMD (Licence, Master et Doctorat). Les DESA et autres DESS relèvent donc de l’histoire ancienne. Cette année, ce ne sont pas moins de 300 Masters qui ont été accrédités au niveau des quatorze universités marocaines. L’engouement a été de taille.
Les candidats (estimés à plus de 10 000) ont été répartis sur les deux formules de Masters prévues : une première formule professionnelle, dont le programme est destiné à qualifier les étudiants pour le marché de l’emploi. Ce Master prévoit un encadrement intensif, des activités pratiques ainsi que des stages ouverts sur le monde de l’entreprise. La deuxième formule est beaucoup plus orientée vers la recherche.
Du côté des officiels, tout va bien dans le meilleur des mondes. Mais sur le terrain, rien n’est moins sûr. Les étudiants s’impatientent. Certains Masters peinent en effet à démarrer. D’autres ont tout simplement été annulés à la dernière minute. C’est l’effervescence dans les campus. A ce propos, les responsables se veulent pourtant rassurants: «il faut être tolérant. Nous sommes au tout début d’un nouveau système. Il faut comprendre qu’on ne puisse pas répondre à toutes les demandes. Si on veut assurer la qualité du Master, on ne peut pas l’ouvrir à tout le monde», commente Mohamed Barkaoui, président de l’université Hassan II-Ain Chock à Casablanca.
Ceci n’explique pas, pour autant, le fait que l’on peut tout bonnement annuler certains Masters d’un trait de plume. La raison tiendrait, selon certaines sources, à leur «incompatibilité avec le monde du travail». Des insuffisances en matière de ressources humaines seraient également à mettre en cause. La réforme bute d’ailleurs sérieusement sur la question du déficit en matière d’encadrement.
La politique de départ volontaire est largement incriminée. Et ce n’est pas la seule difficulté à laquelle est confrontée l’Université. La baisse du budget alloué à l’enseignement supérieur affecte particulièrement le bon déroulement de la réforme. Celle-ci marque cependant un bon point grâce à l’introduction du concept de diversification des sources de financement de l’université. Cette dernière a aujourd’hui la possibilité de développer des ressources propres en offrant des prestations de services, en commercialisant des produits et des activités et même en bénéficiant de prises de participations dans des entreprises. Les responsables des Universités devraient ainsi mettre tous les atouts de leur côté. Il leur suffit uniquement de trouver les solutions adéquates pour y arriver. Ce qui n’est pas une mince affaire.
La France soutient la réforme
Une rencontre maroco-française d’évaluation à mi-parcours du projet du Fonds de solidarité prioritaire pour l’appui à la réforme de l’enseignement supérieur marocain (FSP-ARESM) s’est tenue le week-end dernier. Le FSP-ARESM, qui a démarré en octobre 2004, a pour finalité d’appuyer la politique marocaine de structuration de la recherche en aidant à la constitution de pôles de compétence nationaux et à la valorisation de la recherche, par une action du Fonds de solidarité prioritaire, lancée en 2002, et qui concerne la diffusion technologique, le réseau de génie industriel et les incubateurs d’entreprises, national et international. Le fonds de solidarité s’intéresse à trois axes, en l’occurrence « la gouvernance des universités en situation d’autonomie », « l’ingénierie pédagogique en particulier, les formations professionnelles » et « la recherche et la formation doctorale ». Il est à signaler que la France consacre 10 millions d’euros par an à l’accompagnement de la mise en œuvre de cette réforme.