« Ô Abû Al-Mundhir, sais-tu quel verset du Livre de Dieu est le plus sublime ? « , demanda l’Envoyé de Dieu (Paix et Bénédiction de Dieu sur Lui). » Allah et Son Prophète sont les plus savants « , lui répondit-il. Le Prophète (Paix et Bénédiction de Dieu sur Lui) répéta la question. Abû Al-Mundhir dit alors : » Dieu ! Point de divinité à part Lui, Le Vivant, Celui qui subsiste par lui-même. Ni somnolence ni sommeil ne Le saisissent. A Lui appartient tout ce qui est dans les cieux et sur la terre. Qui peut intercéder auprès de Lui sans Sa permission ? Il connaît leur passé et leur futur. Et, de Sa science, il n’embrasse que ce qu’Il veut. Son Trône déborde les cieux et la terre, dont la garde ne Lui coûte aucune peine. Et Il est le Très Haut, le Très Grand. » Coran, sourate Al-Baqarah, 2, verset 255.
Le Prophète (Paix et Bénédiction de Dieu sur Lui), de sa main droite, frappa sa poitrine approuvant ainsi la réponse qu’il venait d’entendre. Avec sa face rayonnante de bonheur, il dit à Abû Al-Mundhir : » Que la science te comble Abû Al-Mundhir. » L’homme (Abû Al-Mundhir) que le Prophète (Paix et Bénédiction de Dieu sur Lui) venait de féliciter pour le savoir et l’intelligence que Dieu Lui avait accordés, s’appelait Ubayy Ibn Ka`b, l’un des compagnons hautement estimés dans la nouvelle communauté musulmane. Ubayy fut l’un des premiers habitants de Yathrib à embrasser l’islam. Il appartenait à la tribu des Khazraj. Il fit allégeance au Prophète (Paix et Bénédiction de Dieu sur Lui) à Al-`Aqabah avant l’Hégire. Il participa à la bataille de Badr entre autres.
En tant que scribe, Ubayy écrivait des lettres pour le Prophète (Paix et Bénédiction de Dieu sur Lui) et assignait par écrit, avec d’autres compagnons, les révélations coraniques. C’est pourquoi il avait son propre codex. Après la mort du Prophète (Paix et Bénédiction de Dieu sur Lui), il faisait partie des quelques vingt cinq personnes qui connaissaient le Coran entier par coeur. Il récitait les versets avec une telle intensité et il comprenait le Coran avec une telle profondeur que le Prophète (Paix et Bénédiction de Dieu sur Lui) encouragea ses compagnons à apprendre le Coran auprès de lui et de trois autres.
La piété guidait la vie simple que menait Ubayy. Il ne se laissa pas corrompre, ni tromper par la vie d’ici-bas. Réaliste, il était conscient que le confort et le luxe étaient éphémères et que seules les bonnes actions étaient profitables. Il mettait constamment en garde les musulmans leur rappelant les conditions de vie des musulmans du temps du Prophète (Paix et Bénédiction de Dieu sur Lui), leur dévouement à l’islam à l’époque, leur simplicité et leur sens du sacrifice. De nombreux Musulmans venaient lui demander conseil ou simplement profiter de sa science. Un jour, Ubayy dit à l’un d’entre eux : » Le croyant a quatre caractéristiques. S’il est affligé par un malheur, il reste ferme et patient. S’il reçoit un bienfait, il est reconnaissant. S’il parle, il ne dit que la vérité. S’il juge une affaire, il est juste. » Les musulmans tenaient Ubayy en haute estime. Il était largement connu sous l’appellation que `Umar lui donna : « sayyid » (maître) des musulmans. Il faisait partie du comité consultatif auquel le Calife Abû Bakr soumettait des problèmes. Ce conseil mêlait des Muhâjirin (Emigrés) et des Ansars (Médinois ayant soutenu et acueilli les Emigrés) doués de bon sens, fins connaisseurs de la Loi et capables de jugement.
Ce comité était composé de `Umar, `Uthmân, `Alî, `Abd Ar-Rahmân Ibn Awf, Mu`âdh Ibn Jabal, Ubayy Ibn Ka`b et Zayd Ibn Harith. Plus tard, `Umar consulta ce même groupe pendant son Califat. Pour les jugements légaux (fatwas) en particulier, il se référait à `Uthman, Ubayy et Zayd Ibn Thabit.
Etant donné son haut statut, on pouvait s’attendre à ce qu’Ubayy occupe un poste de responsable administratif, dans le cadre de l’Etat musulman alors en pleine expansion.
• Abdul Wâhid Hâmid