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Reportage : à la découverte du rucher collectif d’Inzekri

© D.R

Ce magasin collectif de miel contient plus de 200 cases construites avec de l’argile

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L’emplacement du rucher a été bien choisi par ses concepteurs pour profiter au maximum des rayons du soleil et de la flore locale très riche en fleurs, arbres et plantes médicinales dont le thym, azur, palmiers, lavande et autres herbes aromatiques.

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Le rucher collectif d’Inzekri est l’un des plus grands au monde. Bâti vers 1850 en pleine forêt, il représente un patrimoine important et une attraction touristique privilégiée pour les visiteurs de l’arrière-pays du Souss. La population locale résidant à côté du rucher compte une communauté d’apiculteurs dotées d’un savoir-faire confirmé.  Ce rucher se trouve au cœur de la réserve de biosphère de l’arganeraie (RBA) dans la commune d’Argana (80 km au nord d’Agadir) relevant administrativement de la province de Taroudant et sur la route nationale N°8 reliant Agadir à Marrakech avec une altitude qui avoisine les 900 mètres.

Appelé localement Taddart Ouguerram (en amazigh la maison du saint), l’emplacement du rucher a été bien choisi par ses concepteurs pour profiter au maximum des rayons du soleil et de la flore locale très riche en fleurs, arbres et plantes médicinales dont le thym, azur, palmiers, lavande et autres herbes aromatiques.

L’architecture unique du site témoigne d’une réelle civilisation humaine ingénieuse, qui a su tout au long des siècles assurer l’équilibre crucial entre cette source de revenu et la protection de la nature locale et l’écosystème qui lui est associé.

Ce magasin collectif de miel contient plus de 200 cases construites avec de l’argile. Chaque case peut contenir de 15 à 20 ruches traditionnelles. Le rucher se compose de quatre étages de dimension égale, avec un espace libre, un peu plus grand, situé au-dessus. L’espace du dessous et celui du dessus servent à la ventilation et à l’écoulement de l’eau de pluie.

«Le site dans lequel est implanté ce rucher collectif a été minutieusement choisi par nos ancêtres et présente plusieurs avantages liés à l’ensoleillement, un climat relativement tempéré, une abondance d’arbres ; le palmier, l’acacia, l’argane, et des plantes médicinales, d’autant plus que l’isolement du site rend faciles sa surveillance et la régénération naturelle de la végétation au fond de  ce territoire d’exception», explique Brahim Laabasi, un jeune originaire de la région.

Et de poursuivre : «Grâce à cette nature variée, préservée, et généreuse on récolte sur place l’un des meilleurs miels au monde, et qui fait vivre tout le monde dans la région depuis plusieurs générations avec un savoir-faire ancestral que rien n’est venu perturber hormis quelques aléas du climat qui poussent parfois les apiculteurs à se déplacer dans d’autres zones».

Quand les conditions sont bonnes et que l’activité du rucher est à une bonne vitesse de croisière, le rucher peut abriter jusqu’à 4.000 ruches (paniers de forme cylindrique en osier), fonctionnant à plein régime, ce qui n’est pas négligeable économiquement parlant, et permet à la population d’être à l’abri du besoin. Par ailleurs, le fonctionnement du rucher a été de tout temps soumis à une réglementation et à une gestion collective des plus efficaces.

Détruit par les crues sévères de 1990, le rucher fut réhabilité en 2005 dans le cadre du projet «Tourisme rural du Maroc» financé par le programme USAID et le ministère du tourisme, tout en respectant l’architecture et les matériaux d’origine. Le rucher fut repris par l’association locale des apiculteurs, pour y réinstaller les ruchers et redonner vie au site.

Dans cette région le miel s’invite dans toutes les cérémonies et repas de fête, il est ce qu’on offre en premier aux invités. Les abeilles et les bienfaits sanitaires du miel font qu’elles sont aujourd’hui d’une importance vitale, voire sacrée dans cette région. La récolte de ce dernier passe par plusieurs étapes : l’isolement, la pression de la cire du miel dans un réceptacle d’argile, et pour finir son épuration et sa conservation.

Des dizaines de touristes se rendent régulièrement dans la région pour se procurer du miel d’une très bonne qualité, notamment dans les coopératives gérées par les femmes, et qui ont connu un développement considérable ces dernier temps. En effet, la saveur du miel dépend des plantes en floraison aux différentes périodes de l’année. Trois types de miel sont récoltés et utilisés au niveau local : le miel du printemps à base de diverses fleures d’amandier cactus, palmier, d’oranger et d’autres espèces naturelles, le miel d’été à base de thym et chardon, le miel d’automne à base d’eucalyptus, thym et caroubier. Alors que les prix varient souvent entre 50 et 300 DH le kilo.

Rappelons que la région d’Argana est dotée depuis 2018 d’une Maison du miel d’un coût de 5,3 MDH et qui comprend notamment des ateliers de promotion de l’apiculture, une salle de conditionnement, un laboratoire, un espace de stockage et des bureaux. Le nombre de bénéficiaires est estimé à 100 producteurs regroupés au sein d’une coopérative alors que la production attendue est de 10 tonnes par an. Cette unité a été financée conjointement par l’Initiative nationale pour le développement humain (1,30 MDH), le conseil provincial de Taroudant (1,50 MDH), le conseil régional de mise en valeur agricole Souss-Massa (2 MDH), la commune d’Argana (500.000 DH) et l’Association de la Maison du miel (50.000 DH).

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