Nous sommes le mercredi 5 septembre à 21h00. À l’intérieur d’un snack-café, sis à la rue El Garnaoui El Mokhtar, donnant sur la Place Maréchal, au centre-ville de Casablanca, quelques jeunes fument la chicha en sirotant du café, du thé à la menthe ou du jus. Bizarre! Il y a cinq jours, samedi 1er septembre, vers 22h30 exactement, des éléments de la police du troisième arrondissement à Casa-Anfa y avaient effectué une descente. Devant les regards des badauds, plus de dix jeunes hommes, les serveurs et autres employés ont été embarqués par des policiers, dans deux estafettes. Pourquoi cette descente policière ? «Les habitants se plaignent. Ils ne supportent pas l’odeur de la chicha qui leur pique le nez», confie à ALM un responsable de l’arrondissement ayant participé à la descente. Une justification loin d’être convaincante. L’arrestation de ces jeunes fumeurs de la chicha ainsi que les employés du café, leur maintien en garde à vue et leur présentation devant le procureur du Roi qui les relâche ensuite, mettront-ils fin à la pollution due à l’odeur de la chicha ? Non. Et pour quel crime a-t-on donc conduit également les serveurs et tous les autres employés du café au commissariat? En fait, ces employés ne font que gagner dignement leur vie en travaillant dans des endroits servant des produits non interdits par la loi. Grosso modo, ces arrestations ont jeté les familles des personnes arrêtées dans un gouffre d’angoisse, d’inquiétude, et dans une course effrénée entre le commissariat et le tribunal. À ce propos, apprend-on d’une source policière, plus de 300 jeunes et employés ont été arrêtés dans plus d’une dizaine de cafés servant la chicha et ce uniquement à Casablanca, sans citer ceux épinglés à Fès, Marrakech et Nador, entre autres. «Voilà, j’ai passé 24 heures au commissariat, mais le café a été ouvert de nouveau», confie à ALM ce jeune qui consomme sa chicha dans un café situé dans la rue Allal Ben Abdellah, à Casablanca, où la police avait effectué une descente durant le mois de Ramadan et a arrêté plus de trente jeunes. «Ce sont les autorités administratives qui doivent prendre la décision concernant ces cafés où les jeunes fument de la chicha», nous confie le même responsable de police qui a chapeauté l’une des descentes. «Même le procureur du Roi ne peut pas décider», ajoute-t-il. Pourquoi? «Parce qu’il n’y a pas une loi qui considère la chicha comme un produit prohibé et l’interdit catégoriquement», répond ce policier. Effectivement, il n’y a pas de loi l’interdisant. La preuve ? Les chichas se vendent dans toutes les villes marocaines. De plus, El maâssal se vend légalement dans les bureaux de tabac. Une contradiction flagrante !