La volonté de réhabilitation, économique et sociale, du Nord du Maroc et la restauration de son image par les séjours successifs de S.M. Le Roi sont aujourd’hui un acquis considérable pour les populations de cette région.
Mais pour atteindre ces objectifs, au-delà des enthousiasmes passagers, une méthodologie claire doit être adoptée pour projeter véritablement cette région du Maroc dans l’avenir. Le fait que des cadres confirmés, compétents et travailleurs soient au chevet de cette région est également un atout non négligeable. Que ce soit Mohamed Hallab, Wali de la région Tanger-Tétouan, Hassan Amrani, Directeur de l’Agence du développement du Nord ou Mohamed Gharrabi, wali de Tétouan ils ont tous à coeur de redonner à ce «pays» ses vraies chances et son poids authentique dans l’espace régional marocain. Mais personne ne peut occulter aujourd’hui que le binôme Tanger-Tétouan par l’antagonisme géographique qu’il porte en terme de commandement régional, malgré une séduction apparente, peut s’avérer contre productif. Deux grosses métropoles régionales structurantes ne peuvent cohabiter utilement dans un cercle de moins de cinquante kilomètres sans que des effets pervers ne soient enregistrés. L’une annihilant les capacités de commandement régional et de structuration de l’autre.
La forte proximité, presque une contiguïté, réduit considérablement même un éventuel partage fonctionnel des rôles en termes de rayonnement et de spécialisation des territoires. Tanger a une histoire. Tétouan aussi. Chacune de ces deux villes a une élite consciente de son identité régionale et de ses spécificités. Aucune des deux n’a un déficit de « légitimité » par rapport à l’autre. Or toutes les deux peuvent être porteuses d’une forte dynamique de développement régional si elle arrive réellement à se compléter et si, surtout, elle ne sont pas en compétition directe sur le même territoire.
La dimension Atlantique de Tanger est indéniable. Il faut la renforcer par un rayonnement vertical qui pousserait, au sud, le commandement naturel de cette métropole jusqu’aux portes du Gharb. La consolidation de cette façade atlantique par des grands équipements structurants et par une politique touristique et industrielle volontaire serait une chance pour l’ensemble de cette région. Une dimension atlantique confirmée et une taille critique suffisante qui permet toutes les audaces en matière de développement durable.
Tétouan quant à elle «re-métroplisée» sur la base d’une projection horizontale de sa zone d’influence et de commandement , vers l’est du royaume, peut voir dans ce cas de figure ses fonctions métroplitaines renforcées et consolidées. La rocade méditerranéenne, le nouveau port et la zone franche sont en effet trois leviers importants, décisifs et stratégiques qui peuvent donner corps à cet ambitieux projet : une région Nord-méditerranée forte qui se déploie en arc jusqu’à la province d’Al Hoceïma. Cette région pourra immédiatement s’insérer dans son espace trans-régional et initier une coopération décentralisée intense avec l’Andalousie ou la Catalogne qui verront dans cette entité homogène et cohérente un « exutoire » naturel à leurs investissements et un potentiel de croissance pour leurs activités.
Plus nos régions seront fondées sur des identités fortes, sur une délimitation précise de leur zone de commandement et sur des fonctions discriminées, plus elles auront des chances de rayonner et de réussir. Souvent dans un monde globalisé la coopération se construit plus entre des régions compétitives et concurrentielles qu’entre directement des nations. En donnant à chaque région – finement identifié – du Maroc sa chance avec une identité forte et un potentiel défini c’est tout le pays qui s’inscrira dans une logique de développement permanent et durable.