Sa Majesté le Roi Mohammed VI vient de rentrer à Rabat, après un déplacement qui l’a conduit en Russie, puis au Koweït.
Le Président Hosni Moubarak, qui a successivement rencontré le Président Chirac, en marge de la conférence de Beyrouth sur la francophonie, et le président italien Carlo Azegli Ciampi, le 20 octobre, sera en visite au Maroc, lundi prochain. Le menu de ce sommet maroco-égyptien referme essentiellement deux dossiers chauds : l’Irak et la Palestine. A côté de l’examen et du renforcement des relations bilatérales et, dit-on, d’une éventuelle médiation du Caire dans le différend qui oppose Rabat à Madrid.
Mais, apparemment, le volet proche-oriental occupera un grand espace dans les entretiens entre les dirigeants arabes. Les derniers développements du conflit américano-irakien et la détermination de Washington à mener une guerre pour renverser Saddam Hussein inquiètent la communauté internationale, plus particulièrement le monde arabo-musulman. L’attitude des Etats-Unis d’Amérique, en dépit de son dernier plan sur l’instauration d’un Etat palestinien, dérange à plus d’un titre les dirigeants arabes et mmusulmans. S.M. le Roi Mohammed VI, en sa qualité de Président du Comité Al Qods, a des responsabilités historiques vis-vis de la Oumma arabe et islamique. Il garde les ponts tant avec l’administration Bush qu’avec les pays les plus hostiles au point de vue américain. Avec le président Moubarak, la réflexion portera sur les meilleurs moyens à déployer dans le but de convaincre le Président américain d’une résolution pacifique du différend avec l’Irak. La position de la France, qui a fait face, jusqu’à présent, à l’obstination et la hâte américaine d’en découdre avec Saddam, a besoin d’un confort arabe et musulman. Certes le gouvernement américain recule. Mais toujours pour mieux sauter l’obstacle onusien auquel il ne s’est plus opposé depuis l’ère de Brejneiv et les années de « gloire diplomatique» de l’ex-URSS. Les divergences entre, d’une part, les deux pays et, d’autre part, les Etats Unis sont connues. Tant sur le dossier irakien que sur l’approche sur la situation au Proche-Orient.
D’ailleurs, Hosni Moubarak, depuis le fameux camouflet infligé à la résolution du Sommet arabe, qui affirmait la disponibilité des pays arabes à reconnaître l’Etat d’Israël, en échange de la terre et de la paix, semble plus suspect sur les intentions des nouveaux dirigeants américains.
De ce fait, le rôle qu’il jouait, dans les décennies quatre vingt dix, s’est vu amoindri. Les espoirs placés par le Caire en une solution équitable (et même tardive) se sont évaporés. L’Egypte se sent de plus en plus isolée, d’ailleurs comme l’Arabie Saoudite, qui ne croit plus à un rôle médiateur américain. Car l’on ne peut être juge et du côté du bourreau.
Avec le Maroc, connu pour ses positions modérées et ses excellents rapports avec l’administration Bush, l’espoir est permis de faire revenir Washington à la voie de la sagesse et de la justice.
Le bilatéral prendra aussi sa part, même si l’urgence, au Proche-Orient, le relègue au second plan. Les deux dirigeants profiteront de l’occasion pour insuffler aux relations bilatérales une nouvelle dynamique.