Dans cette lettre, Khalli Hanna Ould Errachid clarifie certains faits et met à nu certaines allégations contenues dans la lettre du représentant permanent de l’Algérie auprès des Nations Unies.
Voici le texte de la lettre du Président du CORCAS :
"J’ai pris connaissance de la lettre adressée, le 24 avril courant, par le délégué permanent de l’Algérie auprès des Nations Unies, au nom du gouvernement de son pays, à l’occasion de la visite du ministre des AE algérien à New-York, au Secrétaire général de l’ONU en réaction à son dernier rapport sur la question du Sahara, daté du 19/04/2006.
En tant que président du Conseil Royal Consultatif pour les Affaires Sahariennes (CORCAS), je tiens à clarifier certains faits et à mettre à nu certaines allégations contenues dans ladite lettre.
Premièrement: La question du Sahara a été réglée d’une manière légale en application des dispositions du droit international à travers l’accord de Madrid et l’accord des parties en conflit à cette époque, essentiellement le Maroc et l’Espagne en conformité avec les appels incessants des Nations-Unies à leur adresse pour engager des négociations directes en vue de mettre fin au conflit qui les opposait au sujet du Sahara, comme ça été le cas auparavant pour la région Nord du Maroc et Tanger en 1956, Tarfaya en 1958 et Sidi Ifni en 1969.
Aussi, considérons-nous que le problème du Sahara est une question maroco-marocaine à laquelle on a voulu conférer des dimensions internationales pour les raisons que tout le monde connaît et particulièrement notre voisine l’Algérie.
Deuxièmement : J’ai été profondément choqué par l’utilisation de l’expression "la puissance occupante" dans la lettre du représentant officiel de l’Algérie, parce que je considère que ce qualificatif ne peut, en aucun cas, s’appliquer au Maroc qui, du reste, n’a jamais été cité dans un quelconque document des Nations Unies en tant que pays occupant le Sahara.
Je trouve également ce qualificatif incompatible avec ce que dit l’Algérie à son peuple et aux pays du monde, dans la mesure où elle déclare solennellement ne pas être partie au conflit du Sahara et considère que ce différend doit être réglé dans le cadre des Nations Unies.
En cette circonstance, le Conseil Royal Consultatif pour les Affaires Sahariennes veut clairement affirmer, et avec tous les moyens possibles, au gouvernement algérien frère que le Sahara n’est pas un territoire occupé et que ses habitants, que nous avons l’honneur de représenter, ne font l’objet d’aucune forme d’occupation.
Troisièmement : La lettre du délégué algérien a noté que le Conseil de sécurité avait approuvé le plan Baker, mais, en réalité, il s’agissait simplement d’un appui conditionné, expressément par l’accord des deux parties, ce qui n’a jamais été le cas, puisque le Maroc dans toutes ses composantes politiques et particulièrement la population du Sahara, a catégoriquement rejeté ce projet mort-né.
Quatrièmement : Le CORCAS considère le fait que la lettre du délégué de l’Algérie qualifie de "dérive que l’Algérie ne saurait ni ne pourrait, en toutes circonstances, soutenir ou entériner" l’approche contenue dans le dernier rapport du Secrétaire général des Nations Unies, est une contradiction flagrante avec la position affichée publiquement par l’Algérie.
Cinquièmement : L’attachement de l’Algérie à un plan dépassé par les événements dont elle est la seule à exiger la mise en oeuvre, alors que son inapplicabilité a été démontrée politiquement et techniquement par les Nations Unies, elles-mêmes, donne place à la confusion et à la stupéfaction, parce que tout le monde sait que les Nations Unies n’ont jamais organisé de référendum basé sur l’identification dans aucune partie du monde.
Il est de notoriété publique que si nous voulons organiser un référendum basé sur l’identification et qu’il soit honnête, juste et libre pour l’ensemble des tribus, comme il est mentionné dans les documents des Nations Unies, il est nécessaire que cette opération englobe, démographiquement et géographiquement, des parties du sud-ouest de l’Algérie, du Nord-Ouest de la Mauritanie et du nord du Mali où résident la plupart de ces tribus, ce qui est irréalisable et objectivement inadmissible.
Pour toutes ces raisons, le CORCAS considère que l’attachement à un plan inapplicable est en réalité une volonté inavouée pour faire perdurer le conflit et l’impasse actuelle et la preuve de l’absence d’une aspiration pour y trouver une solution permanente, définitive et réaliste, contrairement aux attentes de l’ensemble des peuples du Maghreb arabe aspirant à la coopération et à la concorde et contrairement aussi à la volonté des Sahraouis, eux-mêmes, et de tous ceux animés par la volonté de mettre un terme à ce conflit et aux souffrances et déchirement familiaux dont pâtissent les populations des camps de Tindouf depuis plus de 30 ans".