Les contours de l’offre marocaine d’autonomie pour les régions du Sahara se précisent de plus en plus à quelques semaines du mois d’avril, date où le Royaume devra soumettre son plan au Conseil de sécurité de l’ONU.
Selon le Washington Times, qui consacre un long article à l’offre marocaine dans son édition du mercredi 8 février 2006, le "Maroc est prêt à prendre ce risque comme un compromis".
Cette citation est de Taïb Fassi Fihri, ministre délégué aux Affaires étrangères et à la Coopération, qui ajoute que le Maroc, quand tout le monde sera d’accord, pourra "garantir une autonomie de bonne foi". Cela pourrait passer par une totale dévolution pour la gestion des affaires de tous les jours, précise Nabil Benabdallah, ministre de la Communication, également cité par l’article du Washington Times. Ce dernier affirme qu’il ne saurait être question d’autonomie (Self-government) et que le Maroc aura toujours à sa charge des aspects de souveraineté comme la défense et les affaires étrangères.
L’offre du Maroc est saluée par Robert Holley, le directeur exécutif du "Moroccan Center for Policy", qui estime que le Royaume créera ainsi un précédent pour une nation multiple qui s’est toujours opposée au séparatisme.
Pour le directeur de cette ONG œuvrant pour la consolidation des relations entre le Maroc et les Etats-Unis, l’offre du Royaume est "politiquement courageuse" pour les risques qu’elle comporte. Ce à quoi font écho des officiels marocains qui considèrent que, faute d’un compromis, les choses pourraient empirer.
Ils avertissent que si une solution politique n’est pas trouvée, c’est le Sahel, région aux frontières incontrôlables, qui risque de devenir un terreau fertile pour le terrorisme et des groupes comme le GSPC.
Khalid Zerouali, directeur de la migration et de la surveillance des frontières au ministère de l’Intérieur, renchérit en affirmant que la moitié des 10.000 soldats du Polisario ont effectué des stages à Cuba pour se familiariser avec les techniques de sabotages. Un "savoir" qui pourrait être utilisé par les groupes terroristes.
La journaliste du Washington Times fait intervenir un analyste qui affirme que le Maroc, surtout depuis les derniers rebondissements dans ses régions du Sud et les menaces du Polisario de reprendre les armes, avait subi des pressions de la part des Etats-Unis pour formuler une proposition capable d’encourager des négociations avant qu’intervienne une escalade.
La raison en est toute simple, estime cet analyste qui affirme que les Américains n’ont pas les forces nécessaires pour maîtriser un conflit dans la région du Sahel. Les autorités marocaines, écrit la journaliste Jennifer Joan Lee, affirment que des pressions internationales pourraient amener l’Algérie à "faire un pas" pour résoudre ce conflit.
"Nous offrons quelque chose qui aidera l’Algérie à sauver la face", affirme Taïb Fassi Fihri qui conclut en disant que ce pays aussi doit prendre part à ce compromis. Compromis déjà rejeté par le Polisario dans une récente lettre à l’ambassadeur américain auprès de l’ONU et président, pour février 2006, du Conseil de sécurité.
Dans cette lettre, les amis de Mohamed Abdelaziz disent s’en tenir au référendum sur l’indépendance.