Miguel Angel Moratinos, l’un des plus importants membres du Parti socialiste espagnole (PSOE) a déclaré, mercredi dernier à Madrid, que la France et les Etats-Unis devraient être partie-prenante dans l’élaboration d’une solution au conflit artificiel au Sahara. Le PSOE estime que « le meilleur moyen est de faciliter l’élaboration d’un accord politique, et pour ce faire, il est nécessaire de baliser le terrain, parler aux parties concernées et mobiliser les principaux acteurs, parmi lesquels la France et les Etats-Unis », a souligné Moratinos lors d’un séminaire consacré à la politique étrangère du PSOE, au cas où ce dernier remportera les élections générales prévues le 14 mars. Cette nouvelle approche, défendue par les socialistes espagnols, a le mérite d’être pragmatique. Sans doute, cette vision nouvelle a été inspirée par Moratinos lui-même.
Et pour cause, il est indéniable que la France a toujours une importance capitale sur la scène politique maghrébine. En Algérie surtout. Une solution au problème du Sahara, quelle que soit sa nature, devrait passer par l’Algérie, car tout le monde sait, que le polisario n’a aucune espèce d’initiative. Mais pour contraindre l’Algérie à s’assoir directement avec le Maroc autour d’une table de négociation, il faut manifestement exercer des pressions politiques sur les militaires en place qui s’enrichissent en détournant l’aide humanitaire destinée aux populations marocaines et celles originaires d’autres pays du Sahel.
En impliquant directement la France et les Etats-Unis et en omettant de mentionner l’Organisation des Nations Unies (ONU), Moratinos ne commet ni un impair politique ni une bourde diplomatique. Inutile de rappeler que Moratinos est un ancien représentant spécial de l’Union Européenne pour le processus de paix au Proche-Orient. Il connaît donc, assez bien, la valeur de chaque pays et de chaque organisation dans la résolution des conflits internationaux. En plus du juriste, c’est l’homme politique, parfaitement francophile et un Européen convaincu et convaincant, qui s’est prononcé. Inutile alors de dire que Moratinos roule pour qui que ce soit.
La présence des Etats-Unis ne mérite même pas une justification. Depuis très longtemps, le pays de l’Oncle Sam s’est proclamé « gendarme du monde ». Aucun conflit à l’échelle internationale n’a trouvé une solution sans la « bénédiction américaine ». On peut être contre l’hégémonie et l’hyper-puissance des Etats-Unis. Cela n’altèrera en rien, ni l’hégémonie, ni l’hyper-puissance. C’est l’idée que le PSOE semble défendre pour la résolution rapide de ce conflit au Sahara. « Un conflit qui condamne la construction de l’UMA », assure Moratinos.
Ce dernier, rappelons-le, a occupé de 1984 à 1987 le poste de conseiller politique l’Ambassade d’Espagne à Rabat. C’est donc un connaisseur de ce pays et du problème de son intégrité territoriale.