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Salafiya : le bras de fer continue

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La situation dans les prisons où séjournent les islamistes détenus dans le cadre de la loi antiterroriste reste extrêmement confuse. Selon des sources au ministère de la Justice, certains détenus qui observaient une grève de la faim depuis le 2 mai l’auraient arrêtée depuis l’ouverture des négociations avec eux.
Contacté par ALM, le président de l’association Annassir des familles des détenus, Abderrahim Mohtade, a affirmé que "les familles n’ont pas encore réussi à rencontrer les détenus et c’est pour cette raison que les informations dont nous disposons sont encore imprécises, voire contradictoires".
Le téléphone portable était, jusqu’à la semaine dernière, le moyen idéal de rester en contact permanent avec les détenus et d’avoir ainsi des nouvelles fraîches. Mais depuis la fin de semaine dernière, les forces de l’ordre ont entrepris une vaste opération de fouille où des dizaines de téléphones mobiles ont été confisqués, de même que toutes les feuilles et les stylos. Dans cette même opération, plusieurs transferts de détenus ont été opérés. Parmi ces détenus, figurent les Chouyoukh de la Salafiya considérés par le ministère de la Justice comme les principaux chefs d’orchestre de la grève de la faim, observée, d’ailleurs, par au moins 1.500 prisonniers.
Dans un entretien accordé à ALM les enfants de Mohamed Fizazi, l’un des principaux Chouyoukh ayant appelé à la grève de la faim, ont affirmé que le sort de leur père demeure inconnu. "Nous n’avons jusqu’à présent aucune nouvelle du lieu de sa détention", a déclaré le fils de Mohamed Fizazi. En effet, les enfants de ce dernier se sont dirigés vers la prison de Tanger, connue sous le nom de prison de "Satfilage", où leur père aurait été transféré le week-end dernier, alors qu’il séjournait dans la prison centrale de Kénitra. Mais sur place, ils n’ont pas pu rencontrer Mohamed Fizazi ni avoir "une preuve officielle de sa présence à Tanger".
Concernant la rupture du droit de grève, la famille de Mohamed Fizazi a dit que leur père avait affirmé que "cette rupture serait annoncée par un communiqué rédigé de sa propre main".
A la prison centrale de Kénitra, une quinzaine de familles de détenus ont été incapables de rencontrer leurs proches. Selon une des membres de ces familles, "les détenus ont décidé de boycotter les visites familiales car la direction de la prison centrale de Kénitra a suspendu les visites directes, revenant ainsi à l’ancien système des rencontres à travers des grillages et pour une durée ne dépassant pas les cinq minutes". "En claire, tous les acquis dont ils bénéficiaient ont disparu". En attendant, l’Administration pénitentiaire dénombre une quinzaine de cas d’hospitalisation des grévistes. Selon le ministère de la Justice, ces détenus sont dans un état stable et leur vie n’est donc pas en danger. En revanche, l’association Annassir cite la situation critique de "Bouasri Mohamed, un détenu gréviste qui aurait reçu lors de l’opération des forces de l’ordre, le samedi dernier, un coup à la tête qui a nécessité pas moins de dix-sept points de suture. Abderrahim Mohtade en tient pour responsables, le ministre de la Justice, Mohamed Bouzoubaâ et le directeur de l’Administration pénitentiaire, Mustapha Meddah. Pour lui, "la grève est un droit pour n’importe quel citoyen. Si le ministère de la Justice est incapable de répondre positivement à la revendication des grévistes (ndlr: la libération des détenus islamistes et la révision de leurs procès), pourquoi user de la violence pour arrêter la grève de la faim ?" s’interroge Abderrahim Mohtade. Par ailleurs, une délégation du Conseil consultatif des droits de l’Homme (CCDH) composée d’Ahmed Chaouki Benyoub et d’Assia El Ouadiae (cette dernière est également membre de la Fondation Mohammed VI pour la réinsertion des détenus), ainsi que des cadres du ministère de la Justice ont rencontré plusieurs détenus grévistes à Outita 2 et à Kénitra. Le but étant, bien évidemment, de les convaincre d’arrêter la grève de la faim. Mais manifestement ces rencontres n’ont abouti à rien de concret.

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