Société

Sans justice saine, épée dans l’eau

Autrement dit, la démocratie, au sens le plus large, ne peut se passer des valeurs d’équité. D’abord égalité des justiciables devant la loi. Ensuite la séparation des pouvoirs. Ce qui suppose que le pouvoir politique ou juridique, à l’instar de n’importe quelle autre forme d’interférence fut-elle médiatique, ne doit pas influencer les décisions de justice. L’Etat, s’il veut jouir d’une crédibilité et d’une légitimité encore plus soutenue, ne peut se permettre de tolérer la remise en cause de règles élémentaires du droit. Pas plus que les atteintes aux principes qui régissent l’essence même de l’Etat. Ces derniers, s’ils ne sont pas protégés, peuvent être mal interprétés, même si d’aucuns peuvent y voir une preuve supplémentaire que le pays jouit pleinement de sa démocratie et des libertés. Car la liberté ne peut se dissocier de la responsabilité. En premier lieu de la responsabilité d’appartenir à une nation qui a une histoire séculaire et des pesanteurs (analphabétisme et pauvreté essentiellement) et des missions nobles à accomplir.
Les sentiments de frustration par des décisions judiciaires contestables – car elles servent des nantis contre des pauvres, un pistonné contre le citoyen honnête, etc.) ne peuvent en aucun cas conforter le climat démocratique, même si les urnes n’ont pas été pipées au départ et que la transparence électorale est reconnue.
Sans aller dans le sens d’un diagnostic de l’état actuel de notre justice, force est de constater que bien des textes existant ne sont pas appliqués ou mal appliqués et la grande revendication nous ramène, d’abord, à la séparation des pouvoirs et l’application de la loi.
Certes une modernisation des textes en vigueur s’avère nécessaire pour être dans l’air des temps et du nouveau contexte politique. Mais, malgré les avancées au niveau des textes, notre justice continue à subir les contre-coups de défaillances majeures et de contradictions flagrantes.
Le pouvoir judiciaire doit être en mesure d’exercer pleinement son rôle d’application de la loi en toute impartialité et indépendance. Un outil qui peut dire, sans complaisance ni règlement de compte, le droit. Sans aucune crainte surtout de déplaire au pouvoir politique ou de subir les « représailles » des médias. Elle doit être un contre-poids à tout genre d’arbitraire, d’interférence et ses mécanismes de contrôle et de contre-pouvoir doivent être effectifs.
Mais notre justice est malade aussi de son administration et de ses hommes. Ce qui se traduit par des lenteurs inacceptables dans un pays en phase de démocratisation. Un effort de recrutement, de formation et d’amélioration des conditions de travail est indispensable, à côté d’une politique de décentralisation et de rapprochement des tribunaux des citoyens (n’oublions pas que la majorité des justiciables est pauvre et vit loin des villes).
La revalorisation des salaires peut éradiquer les tentations matérielles et les pressions et permettre l’exercice de la profession avec la sérénité et la conscience appropriées.

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