Société

Santé : Suivi cardiologique des sportifs au Maroc

L’image du sport est associée à la notion de forme physique, à la prévention contre les excès alimentaires, contre le surpoids, contre la pollution des poumons par le tabac, et une meilleure forme dans la vie sociale et professionnelle. Le bénéfice du sport sur la santé est bien démontré. Mais, des chiffres de 1500 à 10000 cas de mort subite au cours de la pratique sportive ont été rapportés en France. Le débat actuel qui secoue notre pays est celui du risque de la pratique sportive, bien que d’incidence faible, la mort subite du sportif constitue un paradoxe intensément ressenti par le public, car la catastrophe survient au cours d’une activité considérée comme un témoin de bonne santé.
Ce problème est l’une des préoccupations de la cardiologie du sport qui se penche sur deux axes principaux : Connaître les modifications de l’appareil cardio-vasculaire, secondaires à la pratique sportive et en tirer des paramètres renseignant sur le niveau de classe, de forme et d’entraînement d’un athlète en bonne santé; d’identifier et quantifier les anomalies cardio-vasculaires pouvant empêcher une activité sportive.
Le but de ce travail est d’évaluer les connaissances des sportifs Marocains concernant : Bénéfices cardio-vasculaires du sport; risques cardio-vasculaires du sport; sports à risques cardio-vasculaires; bilan cardiologique du sportif de haut niveau et suivi cardiologique du sportif de haut niveau. à travers les connaissances des athlètes Marocains et des données de la littérature, nous essayerons d’établir une stratégie nationale de bilan cardiologique pour les sportifs de haut niveau. Notre étude a été réalisée auprès de 80 sportifs Marocains de haut niveau de différentes disciplines. Notre enquête a concerné des sportifs dont l’âge varie entre 18 et 37 ans, avec une moyenne d’âge de 26 ans. Les sportifs interrogés au cours de notre enquête étaient répartis en  68 hommes (85%) et 12 femmes (15%). Dans notre étude, l’ancienneté de pratique de compétition chez les sportifs de haut niveau interrogés varie entre 2 et 18 ans avec une moyenne de 8,1 années.
En effet, 28 sportifs (35%) pratiquaient la compétition depuis 2 à 5 ans, 25 sportifs (31,25%) depuis 6 à 9 ans, 15 sportifs (18,75%) depuis 10 à 13 ans et 12 sportifs (15%) pratiquaient la compétition depuis 14 à 18 ans. Parmi les 80 sportifs de haut niveau interrogés, 3 étaient tabagiques (3,75%) dont 1 sevré depuis 12 ans. Parmi les 80 sportifs de haut niveau interrogés dans notre enquête, 70 (87,5%) ont déjà eu un dosage de glycémie qui s’est révélée normale. Les 10 autres (12,5%) n’ont jamais eu de dosage de glycémie. Seuls 53 sportifs (66,25%) ont déjà eu un examen de médecine scolaire.
Seuls 42 sportifs (52,5%) ont déjà eu un examen cardio-vasculaire.
42 sportifs (52,5%) seulement des sportifs de notre enquête ont déjà eu un examen clinique cardio-vasculaire avec prise de la tension artérielle. Dans la série de 80 sportifs de haut niveau que nous avons interrogés, 41 seulement (51,25%) ont déjà eu un enregistrement électrocardiographique. Parmi les 80 sportifs de haut niveau interrogés, seuls 18 (22,5%) ont déjà eu une épreuve d’effort. Aucun des sportifs de haut niveau interrogés dans notre enquête n’a déjà eu un enregistrement Holter ECG. Seuls 16 sportifs (20%) parmi les 80 sportifs de haut niveau interrogés au cours de notre enquête, ont déjà eu  une mesure de la VO2max. 35 sportifs (43,7%) parmi les 80 sportifs de haut niveau ont déjà eu des prélèvements sanguins pour suivi cardio-vasculaire.
Parmi les 42 sportifs de haut niveau ayant déjà eu un examen cardio-vasculaire :11 sujets l’ont eu une seule fois (13,75%).
19 sportifs seulement (23,75%) parmi les 80 sportifs de haut niveau interrogés, sont au courant des risques cardio-vasculaires du sport.
Les dangers cardio-vasculaires cités par les sportifs sont : la mort subite (16%), la syncope (4%), l’arrêt cardiaque (4%) et la non adaptation cardio-vasculaire à l’effort (4%). 61 sportifs (76,25%) ne connaissent pas le risque cardio-vasculaire du sport de haut niveau.
Dans notre série de 80 sportifs de haut niveau, 2 sportifs seulement (2,5%) sont suivis par un diététicien. Parmi les 80 sportifs de haut niveau interrogés, un seul a  des antécédents de problèmes cardio-vasculaires, dont la description a été vague: palpitations, précordialgies.
L’examen médical du sujet sportif est soumis à des contraintes liées à la nécessité d’établir la capacité du système cardio-vasculaire, à tolérer un exercice physique donné, tolérance qui va dépendre de l’histoire naturelle du sujet examiné, de son intégrité cardiaque ou d’une pathologie particulière, de la nature du sport pratiqué et de la façon dont ce sport est pratiqué. La décision médico-sportive dépendant du type d’activité sportive, il est important de faire préciser le ou les sports pratiqués, leur ancienneté, le détail des entraînements, les résultats chronométrés, le désir de performances.
Dans notre série, tous les interrogés exercent des sports nécessitant un entraînement suffisamment intense pour exiger un suivi médical rapproché comprenant une évaluation de l’aptitude du système cardio-vasculaire à tolérer un genre de sport donné. Une activité sportive régulière doit être encadrée par une surveillance médicale simple au moins annuelle quel que soit l’âge du sujet, avec un renforcement à partir de la quarantaine et lorsqu’il existe des facteurs de risque significatifs. Paradoxalement dans notre enquête, et malgré l’ancienneté de la pratique de sport d’endurance (en moyenne de 8,1 années [2 à 18 ans]), seulement la moitié des sportifs de haut niveau interrogés ont déjà eu un examen cardio-vasculaire au début de leur exercice et encore seulement 13,75% qui ont eu un examen de contrôle annuel. L’examen médical doit être aussi l’occasion de faire le point sur les facteurs de risque cardio-vasculaire et rechercher une notion éventuelle de tabagisme, de dyslipidémie, de diabète…
On note dans notre enquête que le tabagisme a constitué le principal facteur de risque retrouvé chez 3 sportifs dont 2 ne sont pas encore sevrés. Il faut insister sur la nécessité d’informer les sportifs quant au risque du tabagisme et sur l’intérêt d’un suivi médical pour faciliter et encourager le sevrage tabagique.
La recherche des autres facteurs de risque a été faite seulement dans 52 à 87%.

Par Pr. Ahmed Bennis
Professeur de cardiologie

Président de la société marocaine de cardiologie

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