Le marais « Oulja » de la palmeraie s’étale sur 250 ha. Il est situé entre les deux axes routiers vers Safi et Casablanca et limité au nord par l’oued Tensift et des constructions. Il est actuellement menacé de disparition si aucune action de sauvegarde n’est engagée. Le site est tous les jours soumis à une forte pression urbaine et touristique : urbanisation croissante, surpâturage, sécheresse, baisse du niveau de la nappe phréatique et surexploitation des produits de la palmeraie. La pression touristique est également très consommatrice d’espace.
L’association « Amal Circuit de la Palmeraie de Marrakech » consacre toute son énergie au marais de la palmeraie. « C’est l’un des derniers sites naturels de la région de Marrakech. C’est un refuge qui va pourtant disparaître si on ne fait rien », proteste Youssef Sfairi, président de cette association. En 1995, une étude a été réalisée par le ministère des Eaux et Forêts sur la situation du marais et des dangers qui le menaçent. Or, dix ans après, aucun geste de sauvegarde n’a été fait. « La dernière étude remonte à dix ans. Le marais s’est détérioré depuis. Le site a pu être maintenu en vie jusqu’à aujourd’hui, mais la situation est devenue critique», ajoute M. Sfairi.
Le 25 décembre dernier, une nouvelle étude, appuyée par le Programme des micro-financements du Fonds de l’environnement mondial (PNUD), a été réalisée. Elle portait sur les problèmes prioritaires de la dégradation du marais et des solutions à mettre en place.
Pour sauver ce qui reste du marais, l’association a lancé un appel urgent au Haut Commissariat aux eaux et forêts et à la lutte contre la désertification, au ministère de l’Aménagement du territoire, de l’Eau et de l’Environnement, à la wilaya et au conseil de la ville de Marrakech. La partie du marais, qui est sous tutelle du département des eaux et forêts, connaîtra quelques changements.
Après une séance d’information avec l’association Amal, le département des eaux et forêts s’engage à installer des panneaux signalétiques qui indiqueront l’existence du marais de la palmeraie. «On va mettre de grands panneaux à l’entrée de la ville où il sera marqué qu’un marais existe à la palmeraie et qu’il faut le sauvegarder. Pour l’instant c’est l’unique action concrète», précise le président de l’association.
Par ailleurs, toute une série de mesures sont en cours pour se mettre en place. Cependant, la principale préoccupation de l’association est d’en faire une réserve naturelle. Le marais offre, en effet, une «diversité d’habitats» pour une flore et une faune très riches. Quelque 120 espèces de plantes différentes ont été recensées. La faune est également très riche, avec notamment 4 espèces d’amphibiens, 16 reptiles, 44 oiseaux. La cigogne est un oiseau très présent dans le coin. Quelque 150 nids ont été dénombrés dans ce site. Quant aux mammifères, on atteste la présence de 13 espèces, dont notamment la mangouste et le sanglier. L’association plaide également pour la promotion des programmes d’éducation environnementale et de sensibilisation et la réalisation d’études complémentaires pour l’installation d’un sanctuaire de préservation de la biodiversité du marais. Un site unique dans la région qui finira peut-être par ne plus exister si personne ne fait rien pour le préserver.