SociétéUne

Sécurité routière : À bâtons rompus avec Nasser Boulaajoul, DG de Narsa

© D.R

Entretien avec Nasser Boulaajoul, directeur général de l’Agence nationale de la sécurité routière (Narsa)

Les accidents de la route restent de nos jours une préoccupation majeure pour les autorités en charge de ce dossier. Avec l’expansion du parc automobile et l’augmentation du nombre des usagers de la route, le Maroc a mis en place une stratégie nationale et a opéré de nombreux changements dans la gestion de la sécurité routière. C’est dans ce sens que la Narsa a vu le jour en 2020 avec comme principale mission de conduire les grands chantiers d’amélioration de la sécurité routière et des services rendus aux citoyens. Nasser Boulaajoul, directeur général de l’Agence nationale de la sécurité routière (NARSA), nous livre son analyse sur l’évolution des indicateurs des accidents de la circulation en 2022 et l’état d’avancement des divers projets lancés par l’agence.

ALM : Pouvez-vous nous dresser un bilan sur la sécurité routière en 2022 ?

Nasser Boulaajoul : La période de la Covid a été marquée par une baisse drastique de la mobilité, notamment en 2020 et en début 2021, avec les restrictions qu’a connues notre pays à l’image de ce qui se passe au niveau international. En termes de comparaison de données, on ne compare pas avec 2020 et 2021 mais avec 2019 qui est une année normale. Pour nous en 2022 on compare également l’évolution des indicateurs par rapport aux objectifs de la stratégie. Ainsi, la base de calcul et l’année de référence par rapport à la stratégie c’est l’année 2015. Pour le nombre de tués, on a une baisse de près de 4,6% durant les sept premiers mois de l’année 2022 par rapport à la même période en 2015 qui est donc l’année de référence de la stratégie et un recul de 6% comparativement à fin juillet 2019. Pour les blessés graves, on a moins 13,4% à fin juillet 2022 par rapport à fin juillet 2015 et moins 2% par rapport à la même date en 2019. Ces résultats sont intéressants mais il y a un travail énorme à faire pour développer davantage et accélérer les projets prévus pour atteindre les objectifs de la stratégie.

Vous en êtes à mi-chemin de l’application de la stratégie nationale. Quelles sont les perspectives pour la suite ?

Aujourd’hui on est dans une phase d’évaluation de cette stratégie pour identifier quels étaient les contraintes, les écueils mais également d’identifier de nouveaux leviers à même d’impacter positivement le sort de la sécurité routière dans notre pays. Bien qu’il y ait une baisse des indicateurs, on espère réaliser une diminution plus importante. La stratégie a été lancée en 2017 et à mi-chemin on peut dire qu’il y a eu plusieurs changements, notamment avec la création de la Narsa en 2020 dotée de nouvelles missions et des prérogatives importantes. Il y a aussi le lancement du Plan mondial de la sécurité routière 2021-2030 dont les objectifs seraient de réduire à moitié le nombre de morts à l’horizon 2030 pour l’ensemble des pays. Le Maroc a adhéré à ce plan d’action mondial officiellement au mois de juin dernier à New York. Aujourd’hui au niveau de l’évaluation on doit, à mon avis, identifier deux éléments tout d’abord comment prendre en considération le changement institutionnel qui s’est opéré dans notre pays dans le cadre de la nouvelle stratégie et dans le cadre du nouveau plan d’action de la sécurité routière et deuxièmement quel cadrage nous pourrons faire avec les objectifs de la décennie d’action fixés par les Nations Unies. Donc, on est à ce stade et on espère finaliser rapidement ce travail pour qu’il soit présenté au comité interministériel de la sécurité routière présidé par le chef de gouvernement.

Vous avez lancé dernièrement une panoplie de services digitalisés. Y aura-t-il d’autres projets en cours de route dans ce sens ?

La digitalisation est aujourd’hui une nécessité. La Narsa est un établissement public qui est en charge de la coordination et l’un des acteurs principaux dans le management de la sécurité routière, elle est aussi un établissement public qui gère un certain nombre de services qui assurent aux usagers notamment tout ce qui a trait au permis de conduire, la carte grise, le contrôle technique ou encore les auto-écoles. Nous avons lancé un certain nombre de projets, notamment par l’externalisation du front office pour Barid Bank et Barid Cash. L’objectif est d’assurer les services de proximité pour les citoyens mais également de permettre la saisie instantanée et surmonter un certain nombre de handicaps avant la mise en place de cette solution. Nous avons également lancé énormément de solutions digitales comme la consultation du capital de points et la consultation des infractions liées au code de la route, les infractions qui sont constatées aussi bien par les radars automatisés que par les corps de contrôle. On a également lancé une application très intéressante pour la gestion du programme de renouvellement du parc prime à la casse. C’est un projet de pratiquement 250 millions de dirhams qu’on gère aujourd’hui à travers cette plate-forme et on a lancé une autre application qu’on appelle «Tasrih Saeq». Il s’agit d’une application destinée aux professionnels, notamment aux entreprises qui ont une flotte importante et qui ont du mal à identifier les contrevenants par rapport au code de la route quant ils utilisent des véhicules de ces sociétés. Aujourd’hui cette solution permet aux entreprises et aux administrations d’introduire leur parc automobile mais également d’intégrer les conducteurs qui utilisent ses véhicules et faire l’affectation. Celle-ci peut être définitive temporaire et limitée dans le temps par exemple. Ce sont énormément de solutions qui ont été lancées. On se projette qu’avant la fin de l’année on va terminer l’externalisation des services au profit des front office concernant Barid Bank et Barid Cash, notamment pour la partie mutation. D’autres projets seront lancés dans l’avenir proche.

Quel bilan chiffré faites-vous par rapport justement à la délivrance de la carte grise et des permis de conduire en ligne ?

Les titres de permis de conduire qui sont délivrés via Agence Barid Bank et Barik Cash s’élèvent à 1,2 million chaque année. C’est-à-dire que ce service a facilité cette procédure à 1,2 million de personnes. On a également plus d’un million de cartes grises qui ont été produites via le même système. A très court terme on va marquer une rupture totale avec un certain nombre de pratiques de retard qu’on avait avant la mise en place de la Narsa. C’est l’objectif même la de création de cette agence d’ailleurs. Il s’agit pour nous de trouver des solutions innovantes à même de faciliter la vie aux citoyens et améliorer la qualité de vie rendue aux usagers.

 

Articles similaires

SociétéUne

Alerte météorologique: l’ADM appelle à la vigilance sur l’axe autoroutier Meknès-Oujda

La Société nationale des autoroutes du Maroc (ADM) a appelé les usagers...

SociétéSpécialUne

Plus de 28.000 nouveaux inscrits en 2022-2023 : De plus en plus d’étudiants dans le privé

L’enseignement supérieur privé au Maroc attire des milliers de jeunes chaque année.

SociétéSpécial

Enseignement supérieur privé : CDG Invest entre dans le capital du Groupe Atlantique

CDG Invest a réalisé une prise de participation de 20% via son...

SociétéUne

Enseignement supérieur: La réforme en marche

Le digital occupe une place de taille dans la nouvelle réforme du...

EDITO

Couverture

Nos supplément spéciaux