«Le défi de la réduction des indicateurs d’accidents de la route nécessite encore de réfléchir à des mécanismes innovants basés sur une évaluation objective de l’ensemble des mesures prises».
L’amélioration des indicateurs de la sécurité routière requiert de réfléchir davantage à des mécanismes «innovants». Les propos émanent du ministre du transport et de la logistique, Mohammed Abdeljalil. La couleur est donc annoncée et une décision semble déjà prise pour revoir la stratégie nationale de lutte contre l’insécurité routière. «Le défi de la réduction des indicateurs d’accidents de la route nécessite encore de réfléchir à des mécanismes innovants basés sur une évaluation objective de l’ensemble des mesures prises», a souligné M. Abdeljalil qui présidait l’ouverture d’un séminaire international sous le thème «Les bonnes pratiques : une source d’inspiration pour développer les stratégies nationales de sécurité routière». Dans ce contexte, le ministère du transport et de la logistique a lancé, début 2024, une étude d’évaluation globale des réalisations de la phase écoulée, qui permettra d’élaborer un nouveau plan d’action pour les cinq prochaines années, a fait savoir M. Abdeljalil lors de ce séminaire initié par l’Agence Nationale de la sécurité routière (Narsa), en collaboration avec l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et le Fonds des Nations Unies pour la sécurité routière (UNRSF).
L’organisation de ce séminaire international, qui coïncide avec l’évaluation de la stratégie nationale de sécurité routière au Maroc, vise à tirer profit des meilleures pratiques et expériences internationales de pointe en matière de sécurité routière et à les prendre en compte lors de la phase d’harmonisation de la stratégie nationale de sécurité routière et d’élaboration du deuxième plan de sa mise en œuvre, a-t-il expliqué. Les résultats obtenus en matière de gestion du dossier de la sécurité routière au Maroc ainsi que les expériences internationales pionnières ont montré que la réduction du taux de mortalité et des blessés parmi les victimes des accidents de la route est possible à la faveur de l’adoption d’une approche globale et d’un plan d’action structurel rigoureux fixant les responsabilités, les actions, les programmes, les budgets nécessaires ainsi que les indicateurs de suivi et d’évaluation, a-t-il ajouté.
Le Maroc entend capitaliser son expérience pour inverser la tendance. Les pertes en vies humaines et le coût économique et social engendrés, chaque année, par les accidents de la route au Maroc exigent la fédération des efforts de toutes les parties prenantes pour définitivement inverser la courbe et aider à sauver des vies. C’est dans ce sens que la célébration, le 18 février, de la Journée nationale de la sécurité routière, revêt une importance particulière dans la mesure où elle permet de dresser le bilan des actions entreprises pour faire face à ce fléau, tant au niveau de la sensibilisation aux dangers de la route que sur le plan des projets dédiés à une meilleure gestion de la sécurité routière. Pour l’année 2023, un total de 85.475 accidents physiques de la circulation dans le périmètre urbain ont été enregistrés dans le Royaume, contre 80.091 accidents en 2022, soit une hausse de 7%, selon les chiffres de la Direction générale de la sûreté nationale (DGSN). Ces accidents ont eu une incidence directe sur le nombre total des victimes, qui est passé de 834 morts en 2022 à 993 en 2023, auxquels s’ajoutent 4.413 blessés graves et 111.478 blessés légers. Ce constat alarmant exige une forte mobilisation collective pour parer aux conséquences dramatiques des accidents de la route, tout en veillant à la réalisation des objectifs du programme d’action pour la période 2022-2026 de l’Agence nationale de sécurité routière (Narsa), qui vise en priorité la réduction des accidents de la route et la préservation des vies humaines.
Conférence mondiale
Pourtant, les efforts déployés par le Maroc pour réduire le nombre de décès liés à la sécurité routière ont été salués, lundi à Rabat, par María Seguí-Gómez, consultante auprès de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). S’exprimant lors d’une session organisée dans le cadre d’un séminaire international sous le thème «Les bonnes pratiques : une source d’inspiration pour développer les stratégies nationales de sécurité routière», Mme Seguí-Gómez a relevé que le Maroc a réussi à réduire le taux de mortalité de 13% depuis 2010. Elle a, par ailleurs, passé en revue l’évolution de la situation liée à la sécurité routière dans le monde, faisant observer que les accidents de la circulation entraînent environ 1,19 million de décès par an et que les décès en Afrique représentent 3% de ces estimations. Il faut préciser que le Maroc s’apprête à organiser un événement d’une portée planétaire. Le séminaire en question est un pré-événement à la 4ème Conférence ministérielle mondiale sur la sécurité routière qui sera abritée par le Maroc en février 2025. Il s’agit d’un événement particulièrement important organisé pour la première fois par un pays africain. Dans ce sens, le directeur général de l’Agence nationale de la sécurité routière, Benacer Boulaajoul, s’est félicité du choix du Maroc pour abriter la quatrième conférence ministérielle mondiale sur la sécurité routière les 18 et 19 février 2025, une occasion pour jeter la lumière sur les enjeux liés à la sécurité routière à l’échelle mondiale. Cette conférence permettra de souligner les efforts déployés au niveau mondial pour atteindre l’objectif de réduire de 50% le nombre de décès dus aux accidents de la circulation durant la décennie 2021-2030, a souligné M. Boulaajoul.
Des sessions associant l’ensemble des acteurs concernés par la réalisation d’une mobilité sûre et la promotion de la sécurité routière seront au rendez-vous, a-t-il noté, ajoutant que la société civile et les ONG auront également un rôle à jouer pour la réussite de cet événement. Des réunions bilatérales seront également prévues lors de cette conférence ministérielle qui s’inscrit dans la continuité des trois conférences précédentes organisées à Moscou en 2009, à Brasília en 2015 et à Stockholm en 2020, a-t-il fait savoir.
Perspectives mondiales
Systèmes nationaux. La cheffe du secrétariat du Fonds des Nations Unies pour la sécurité routière (UNRSF), Nneka Henry, a présenté les perspectives mondiales du Fonds pour le renforcement des systèmes nationaux de sécurité routière. Mme Henry a également souligné l’action du UNRSF en Afrique, notamment en termes d’appui aux gouvernements dans le secteur du transport et le renforcement des capacités des pays du continent dans le domaine de la sécurité routière. Elle a également souligné l’appui du Fonds pour la mise en place d’infrastructures liées à la sécurité routière, notamment en matière de réduction de la vitesse, ajoutant que les progrès dans le domaine de la sécurité routière requièrent une mobilisation et une fédération des efforts des différents acteurs concernés.
Au Maroc, la NARSA a veillé à la réalisation des chantiers d’amélioration de la sécurité des véhicules et des infrastructures et à la poursuite du renouvellement du parc de transport routier en plus de la création de nouveaux postes de secours de proximité en vue d’améliorer le délai d’intervention au niveau des sections routières classées à haut risque. Pour sa part, la DGSN a renforcé son partenariat institutionnel avec la Narsa, portant sur la mise en œuvre d’un ensemble de programmes stratégiques en matière de prévention et de sensibilisation aux accidents de la route. Ce partenariat a notamment porté sur les équipements logistiques et de contrôle des brigades mobiles de circulation routière et la finalisation d’une version actualisée du Guide de contrôle routier au profit des agents et fonctionnaires de police, afin de garantir une formation systématique et une application correcte des dispositions liées à la sécurité routière.