ALM : Quel est l’état des lieux en matière de gestion des expatriés ?
Mustapha Sekkat : Ce que je peux dire, c’est que depuis deux ou trois ans, nous sommes de plus en plus sollicités pour intervenir sur le sujet de la gestion des expatriés. Je suppose donc que les entreprises, et notamment les multinationales, sont de plus en plus intéressées par cette donne. Il faut dire qu’il existe actuellement un flux dans les deux sens. Les compétences marocaines sont largement expatriées vers d’autres pays. Et il existe par ailleurs de plus en plus d’entreprises installées au Maroc qui deviennent exportatrices de compétences. Comme vous le savez, le Maroc devient actuellement une véritable plate-forme pour les groupes qui veulent s’établir en Afrique. Le sujet de la gestion des expatriés est ainsi en train de prendre de l’importance et les problématiques commencent également à surgir et à se préciser.
De quelles problématiques s’agit- il ?
Je tiens d’abord à préciser qu’il n’y a généralement pas de problèmes en ce qui concerne la gestion des expatriés pour les flux entrants. Pour ces derniers, la gestion se passe bien. Les problèmes se posent en fait quand il s’agit de compétences marocaines expatriées dans d’autres pays. Ceux-là ont un problème avec tout ce qui est cotisation à la CIMR et à la CNSS. Les entreprises travaillent actuellement sur cette problématique et essaient de trouver des solutions pour y remédier. Pour le moment, chaque entreprise essaie de trouver sa propre solution. Mais il faudra créer un cadre beaucoup plus global.
Les expatriés gagnent-ils plus ?
Les expatriés ne gagnent pas forcément plus. Leur rémunération se base en fait sur un salaire de référence du pays d’origine. C’est généralement le salaire que va recevoir l’expatrié une fois rentré dans son pays. Le pays d’accueil va prendre ce salaire et va le valoriser par rapport aux difficultés de la vie, aux conditions d’éloignement et au niveau de sécurité que va subir l’expatrié. S’y ajoutent aussi d’autres avantages liés au logement ou encore à la scolarité des enfants. C’est vrai que dans l’absolu les expatriés gagnent plus. Mais, globalement, l’idée de s’enrichir en s’expatriant n’est pas logique. S’expatrier ne rime en effet pas avec augmentation.
Quand a-t-on généralement recours aux expatriés ?
Il existe actuellement des entreprises, notamment les multinationales, qui adoptent des politiques d’internationalisation de leurs cadres. Elles estiment qu’un manager, pour qu’il puisse avoir un poste de responsabilité élevé, doit nécessairement avoir fait une carrière à l’international. Il y a surtout l’aspect expertise et potentiel qui priment. Les multinationales sont en effet convaincues qu’il faut embaucher des cadres de haut potentiel pour avoir une haute expérience. Les raisons sont diverses, mais le choix de l’expatrié est généralement lié à ses performances, à ses capacités d’adaptation et aussi à sa condition familiale. Le fait que l’expatrié soit marié ou qu’il ait des enfants fait partie des critères auxquels les entreprises accordent une grande importance. Il faut également préciser que prendre la décision de s’expatrier est aussi un choix de carrière.